Plan

Texte

Embers

Like those fires hidden deep
in the hills near Nirada, they buried
their heart under the red earth of their skin
and said silent prayers for tomorrow.
Most were taken by the wind
and were lost.

Behind the white house on the hill
bodies without souls cling
to the roots of sage brush and juniper.
Holding so tightly
to something still living
doesn't lessen their desire
to breathe real air.

The dead are refusing to die.

Too many breaths
away from the next lit window,
parents afraid to be Indian
stay in their houses and weep
until morning. Their children are lost
to the night. Running in packs
like coyotes, they search
for something more promising
than the lives they have been offered.

The living are refusing to die.

Heather Cahoon

Braises ardentes

Pareils à ces feux cachés qui brûlent
dans les collines près de Nirada, ils ont enseveli
leurs cœurs sous la terre rouge de leur peau
et silencieusement ils ont prié pour le lendemain.
La plupart ont été emportés par le vent,
perdus.

Derrière la maison blanche sur la colline
corps vides d'âmes s'accrochent
aux racines de l'armoise et du genévrier.
Se cramponner si fermement
à un être qui, toujours vit
n’étouffe pas leur désir
d’emplir leurs poumons de cet air pur.

Les morts se refusent à mourir.

Bien trop de souffles
à des lieues de la prochaine fenêtre éclairée
des parents indiens qui, envahis par la honte
se sont réfugiés dans leur maison, pleurent
jusqu'au lever du jour. Leurs enfants errent,
livrés à la nuit. Se rassemblant en meutes
pareils aux coyotes, ils sont à la recherche
d'un avenir plus prometteur que celui
qui leur a été offert.

Les vivants se refusent à mourir.

Traduction de Lisa Reymonet

Epłčt’et’ʔu Sčilip

Dixon wasn't always known for its only bar.
It was a place the Pend'Oreille
would go for plums. In its name
its purpose, plums at junction of two rivers.

Where the Jocko pours itself
into the Flathead, the trees,
heavy with deep purple fruit,
grew in excess, their limbs
hung low to the gound,
under the weight of their world.

Over-ripe plums like so many things
dropped to a life of decay. The second
they fell they began to die. The end
of one life, the beginning of another.
It was a place
where plums were known to grow.

Heather Cahoon

Epłčt’et’ʔu Sčilip

Il fut un temps où Dixon n’était pas uniquement connu pour son bar.
C’était un endroit où la tribu des Pend d’oreilles
avait pour habitude de se rendre pour cueillir des prunes. Son nom
en est le témoin “prunes mûrissant au confluent des deux rivières”.

À l’endroit où le Jocko se jette dans le
Flathead, les arbres,
chargés de ces prunes d’un profond incarnat,
abondaient. Leurs branches
ployaient presque jusqu’au sol,
sous le poids de leur monde.

Des prunes trop mûres comme tant d’autres choses
ici bas, retournent à la terre, se décomposent. À la seconde
où elles tombent, déjà elles commencent à mourir. La fin
d’une vie, le début d’une autre existence.
C’était un endroit où
poussaient, disait-on, des prunes.

Traduction de Lisa Reymonet

The Dogs in Indian Town

No one really owns them.
They are r
agged combinations
of one another, tied to domestication
by chains and ropes,
sometimes by just threads.

They travel in packs,
social groups where worth
and rank apply. A hierarchy
where it matters more
who you know and run with
than who you are alone.

Some are tolerant
of children. Kids pet them,
carry them around,
use the bigger ones as horses,
tying ropes to them for riding
and to pull them fast on bikes.

Others, like soured elders, growl
and nip at anyone who walks by.
Cold blue eyes and warm yellow teeth.

The rest aren't so openly agressive.
Like people who abuse, they do it
quietly and in secret. They tip
over garbage cans, drag off toys
and rip clean clothes off lines.

On full-moon nights the delicate line
that divides these dogs
from their slightly wilder cousins
blurs and then dissolves as their voices
blend in singing. A hamony of worlds.
And all that separates them
is the darkness.

Heather Cahoon

Les Chiens d’Indian Town

Ils ne sont la propriété de personne en réalité.
Ils sont des mélanges imparfaits,
réduits à la domestication,
asservis par des chaînes et des cordes,
parfois même par un simple lien.

Ils se déplacent en meutes,
des groupes fondés sur les principes
de mérite et de hiérarchie. Une hiérarchie
au sein de laquelle ceux qu’on connaît, ceux à qui l’on se joint
revêtent plus d’importance que l’individualité propre.

Certains tolèrent les enfants.
Ceux-ci les caressent,
les promènent avec eux,
se servent des plus gros comme de chevaux,
les harnachent de cordes pour pouvoir les monter
et pour qu’ils tirent, derrière eux, les vélos en courant

D’autres, tels de vieux aigris, grognent
et font mine de mordre les passants.
Des yeux bleus de glace et des dents jaune de paille.

Le reste de la meute n’est pas si ouvertement agressif.
A l’image des gens qui abusent de la vie
ils agissent silencieusement et en secret, renversant les conteneurs,
traînant avec eux des jouets et déchiquetant le linge propre étendu sur des cordes.

Les nuits de pleine lune, la frontière infime
qui sépare ces chiens
de leurs cousins à peine plus sauvages qu’eux,
se dissipe et disparaît complètement alors que leurs hurlements
se mêlent en complainte. L’harmonie de deux mondes.
Seules les ténèbres les séparent.

Traduction de Lisa Reymonet

Citer cet article

Référence électronique

Lisa Reymonet, « Poèmes traduits par Lisa Reymonet », La main de Thôt [En ligne], 2 | 2014, mis en ligne le 11 mai 2017, consulté le 24 avril 2024. URL : http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/498

Auteur

Lisa Reymonet

Université de Toulouse Jean Jaurès

Etudiante de Master 1 au CeTIM

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