La guerre des nouvelles dans le contexte des invasions napoléoniennes : le cas de la Sardaigne, de Naples et du Portugal – 1796-1808

  • The news war in the context of the Napoleonic invasions: the case of Sardinia, Naples and Portugal - 1796-1808
  • A guerra das notícias no contexto das invasões napoleónicas: o caso da Sardenha, Nápoles e Portugal - 1796-1808

Avec l’invasion de leurs territoires par les armées françaises entre 1798 et 1807, les rois de la Sardaigne (Savoie), de Naples (Bourbons) et du Portugal (Bragance) ont été forcés d’abandonner leurs capitales et de s’installer sur des domaines qui n’étaient pas en continuité territoriale avec leurs royaumes. Avant, cependant, beaucoup de négociations diplomatiques ont eu lieu, avec l’échange de lettres entre ministres et ambassadeurs, la Grande-Bretagne ayant fonctionné comme pièce maitresse de ce jeu d’échecs. Les monarques italiens ont erré quelque temps entre différentes villes de la péninsule avant de se fixer à Cagliari (le roi de Sardaigne) et à Palerme (le roi de Naples). Le roi du Portugal, le dernier à laisser sa capitale, s’est installé quant à lui dans la plus importante ville de son empire, Rio de Janeiro. Tous ont attendu des années avant d’avoir l’occasion de rentrer et pendant ce temps-là, leurs diplomates ont négocié avec le gouvernement français les circonstances de la réintégration. Beaucoup de nouvelles et beaucoup de rumeurs ont circulé entre les cours européennes impliquant également les régions périphériques comme certaines parties d’Afrique, Mexique et du Brésil, exprimant la connexion étroite des différentes parties du globe dans le contexte de la crise de l’Ancien régime.

With the invasion of their territories by French armies between 1798 and 1807, the kings of Sardinia (Savoy), Naples (Bourbons) and Portugal (Braganza) were forced to abandon their capitals and settle on estates that were not in territorial continuity with their kingdoms. Before this, however, much diplomatic negotiation took place, with the exchange of letters between ministers and ambassadors, with Britain acting as the master piece in this chess game. The Italian monarchs wandered for some time between different cities on the peninsula before settling in Cagliari (the King of Sardinia) and Palermo (the King of Naples). The King of Portugal, the last to leave his capital, settled in the most important city of his empire, Rio de Janeiro. All of them waited for years for the opportunity to return and during this time their diplomats negotiated with the French government the circumstances of the reinstatement. Much news and much rumour circulated between the European courts involving also peripheral regions such as parts of Africa, Mexico and Brazil, expressing the close connection of the different parts of the globe in the context of the crisis of the Ancien Régime.

Com a invasão dos seus territórios pelos exércitos franceses entre 1798 e 1807, os reis da Sardenha (Sabóia), Nápoles (Bourbons) e Portugal (Bragança) foram forçados a abandonar as suas capitais e a estabelecer-se em propriedades que não estavam em continuidade territorial com os seus reinos. Antes disso, porém, realizaram-se muitas negociações diplomáticas, com a troca de cartas entre ministros e embaixadores, tendo a Grã-Bretanha actuado como a peça mestre neste jogo de xadrez. Os monarcas italianos vaguearam durante algum tempo entre diferentes cidades da península antes de se estabelecerem em Cagliari (o Rei da Sardenha) e Palermo (o Rei de Nápoles). O Rei de Portugal, o último a deixar a sua capital, instalou-se na cidade mais importante do seu império, o Rio de Janeiro. Todos eles esperaram durante anos pela oportunidade de regressar e durante este tempo os seus diplomatas negociaram com o governo francês as circunstâncias da reintegração. Muitas notícias e muitos rumores circulavam entre os tribunais europeus envolvendo também regiões periféricas como partes de África, México e Brasil, expressando a estreita ligação das diferentes partes do globo no contexto da crise do Antigo Regime.

Plan

Texte

Le contexte et les événements

La crise générale de l’Ancien Régime a transformé l’Occident en profondeur tout en détruisant des systèmes politiques, des institutions, des usages, des mœurs, des idées, des territoires et des temporalités1. L’impact a été ressenti avec une intensité inouïe au temps de la Révolution française et s’est approfondi au fur et à mesure que Napoléon Bonaparte se rapprochait du pouvoir absolu, un sommet qu’il a atteint avec son avènement au trône impérial en 1804. Rarement, s’il en fut, les relations internationales ont subi de tels changements, les ennemis de la veille devenant les alliés du lendemain, une déclaration de guerre soudaine gommant en un instant les frontières établies après des mois d’épineux et épuisantes négociations diplomatiques2.

Face aux hostilités qui dominent la scène politique de l’époque et opposent la France révolutionnaire à la Grande Bretagne, les États de deuxième et de troisième grandeur occupent une situation intermédiaire qui fait problème, autrement dit se trouvent dans une indéfinition embarrassante, selon le jugement perspicace d’un contemporain ultra-conservateur. Homme politique et diplomate de génie, Joseph de Maistre considérait que sa patrie, le royaume déchu de Sardaigne, était « trop petit pour être une planète et trop grand pour être un satellite », les sujets étant « trop grands pour être protégés, et trop faibles pour agir seuls3. Il en allait de même pour les royaumes de Naples et du Portugal entre 1798 et 1808 : tous les trois se mouvaient sur le fil du rasoir d’une impossible neutralité et tentaient de remettre à plus tard une adhésion explicite soit à la France, soit à la Grande Bretagne.

Sardaigne, Naples et Portugal étaient gouvernés par des dynasties anciennes qui remontaient au Moyen Age, celles des Savoie, des Bourbon et des Bragance. Leur indépendance politique - le Portugal comptait parmi les plus anciens royaumes de l’Europe – risquait d’être engloutie par la machine de guerre de la Grande Nation française. Après l’invasion de l’Italie du Nord par les troupes révolutionnaires en 1796, le Piémont, où se trouvait Turin, capitale de la monarchie sarde, commença à basculer et le roi Charles Emmanuel IV de Savoie finit par abdiquer le 11 décembre 1798, contraint à s’abriter dans son domaine insulaire de Sardaigne. Décembre 1798 marque aussi le moment de l’invasion française de Naples et de la fuite de Ferdinand Ier de Bourbon vers ses possessions de Sicile. Dès lors le contrôle de l’armée française sur la partie septentrionale de la péninsule ne fit que s’accroître, malgré quelques espérances éphémères alimentées par les rares défaites françaises face aux Alliés.

Dans un de ces moments, les Savoie ont quitté Cagliari pour tenter de rentrer à Turin sans toutefois y parvenir : la région est devenue un département français et les souverains sont contraints d’errer dans l’Italie jusqu’à ce que la reine décède et que le roi Charles Emmanuel IV abdique en faveur de son frère Victor Emmanuel Ier, en 1802: les voilà tels des souverains d’un trône vide ou virtuel, exilés et anéantis comme des rois de carte à jouer, pareils à ceux dépeints par Voltaire dans une scène remarquable de Candide, où des monarques burlesques et détrônés se trouvent réunis à Venise autour de la table d’un banquet4. Victor Emmanuel Ier n’en réussit pas moins à s’établir une seconde fois en Sardaigne, où, depuis février 1807 sa cour s’est exilée.

Les Bourbons de Naples ont également profité des rares moments dans lesquels la mainmise française sur l’Italie a chancelé. En juin 1802 ils rentrent à Naples après avoir provoqué un bain de sang pour suffoquer la révolution libérale qui a éclaté après l’invasion française de 1798. Ils contrôlent la situation jusqu’en février 1807, quand les retournements de la politique européenne les obligent à s´installer une seconde fois à Palerme5.

Ce n’est que dans cette deuxième phase d’instabilité qu’à la fin novembre 1807, les souverains du Portugal quittent à leur tour Lisbonne, lors de l’invasion du royaume par les troupes françaises sous les ordres d’Andoche Junot. L’armée ennemie marchait sur la ville quand les navires transportant la reine Marie Ière de Bragance, son fils le prince régent Jean – futur Jean VI en 1816 – et une partie considérable de la noblesse, des fonctionnaires de l’administration et le trésor royal quittent l’embouchure du Tage et gagnent à travers l’Océan Atlantique, Rio de Janeiro, capitale de l’État du Brésil, la principale possession de l’empire portugais.

Incapables de conserver leur neutralité, les trois monarchies deviennent des satellites de la Grande-Bretagne et, par conséquent, des proies pour la machine de guerre de Napoléon Bonaparte. Dans ce contexte chaotique, le rôle joué par les Anglais et par leur puissance maritime se révèle incontournable. Lord Horace Nelson a appuyé la première fuite des Bourbons vers Palerme et garanti la reprise de Naples, alors aux mains des révolutionnaires. Sir Sidney Smith, à son tour, a escorté les souverains de Savoie vers Cagliari et les Bragance jusqu’à l’océan Atlantique avant de rejoindre Rio de Janeiro quelques mois plus tard pour soutenir la princesse Charlotte Joachime qui envisageait de devenir impératrice de la Plata. La Sicile et la Sardaigne étaient des places stratégiques indispensables au contrôle de la Méditerranée par les forces britanniques, qui sortaient renforcées après les succès militaires d’Aboukir et de Trafalgar et ne pouvaient souffrir d’abandonner la mer aux Français. Les bénéfices économiques offerts par la maîtrise de la côte Atlantique s’étendant entre Rio de Janeiro et Buenos Aires, à quoi s’ajoutaient la mainmise sur l’embouchure de Rio de la Plata et l’accès facilité aux régions andines, pourraient compenser les pertes causées par le Blocus continental

Le monde à l’envers

Par-delà les convulsions politiques, la transformation de l’espace physique du continent européen et les ravages semés par la guerre permanente, la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle se caractérisent tant par l’instabilité, l’imprévisibilité, le basculement ou l’effondrement des traditions anciennes que par l’imposition de ruptures brusques et soudaines. Espace et temps deviennent des concepts flous, instables et qui peuvent être remis en question à tout moment. Un temps dans lequel, selon l’une des plus belles pages d’Eric Hobsbawm, deux jeunes hommes, Napoléon Bonaparte et Maximilien de Robespierre, quittent leurs modestes foyers de province – Ajaccio ou Arras – et acquièrent la célébrité, en profitant des possibilités offertes par « la carrière ouverte au talent » dans un monde de moins en moins dépendant de la naissance et du sang6.

Avec la Révolution française et la Terreur, le topos du monde à l’envers gagne en force. Depuis l’Angleterre, berceau du contre-révolutionnaire Edmund Burke, une Penelope Pennington terrifiée écrit des lettres qui témoignent de cet état d’esprit7. « Dreadful deeds I must confess, and horrible times in every sense of the word8 », s’exclame-t-elle le 26 avril 1797 face aux succès que remporte dans le nord de l’Italie l’armée française commandée par Bonaparte.

Sous l’action militaire des Français la carte de l’Europe ne cesse de changer, des monarchies anciennes s’écroulent tandis qu’il en surgit de nouvelles. Des rumeurs avaient semé la panique avant même la mainmise de la France sur l’Italie septentrionale. Le 29 avril 1796, quand les victoires françaises commençaient à rendre célèbre le général Bonaparte, le roi Victor Amédée III de Savoie expliquait à l’une de ses filles, Joséphine, mariée à la cour de France : « Il n’est plus temps de penser à la décence, soit vous autres, soit moi nous ne devons penser qu’à prolonger notre existence jusqu’à des temps meilleurs où avec la grâce de Dieu tout pourrait se remettre9 ». L’ère de l’instabilité et de la peur se prolongea : plus de dix ans, des exilés parcouraient l’Europe sans relâche, et l’une des plus célèbres émigrées du continent se plaignait à son bourreau, l’empereur Napoléon :

La disgrâce de Votre Majesté jette sur les personnes qui en sont l’objet une telle défaveur en Europe, que je ne puis faire un pas sans en rencontrer les effets. Les uns craignent de se compromettre en me voyant, les autres se croient des Romains en triomphant de cette crainte. […] Votre Majesté ne sait peut-être pas elle-même la peur que les exilés font à la plupart des autorités de tous les pays, et j’aurais dans ce genre des choses à lui raconter qui dépassent sûrement ce qu’elle aurait ordonné10.

Le mouvement des rois et des cours n’avait pas cessé et occupait davantage encore les têtes couronnées. Au mois de mars 1808, lors de l’arrivée des souverains portugais à Rio et de l’invasion française de l’Espagne, la reine Marie Louise de Bourbon et le ministre espagnol Godoy incitèrent la cour à fuir au Mexique en invoquant l’exemple portugais, selon le baron Marbot, membre de l’armée française d’occupation : « En voyant charger sur les voitures et fourgons de la cour les caisses du trésor, l’argenterie et les meubles les plus riches, les nobles, le peuple et la garnison d’Aranjuez comprirent la vérité! L’indignation fut générale et s’étendit à Madrid11 ». Soulevé, le peuple empêcha ce qui aurait pu être la deuxième fuite royale dans la péninsule Ibérique.

Très critiquée au Portugal par les patriotes libéraux, la décision prise par le prince régent Jean de Bragance de transférer le gouvernement de l’Empire et la cour portugaise à Rio de Janeiro passe aux yeux de certains pour un coup de génie contre Napoléon. A en croire les sources « à chaque jour l’idée d’imiter la cour de Bragance et de s’enfuir vers l’Amérique était plus présente dans l’esprit des conseillers de la Cour et donnait l’occasion à des rumeurs fréquentes12 ». Ces bruits inquiétaient de plus en plus Napoléon qui a redoublé d’efforts pour empêcher que pareils actes se reproduisent, en envoyant à l’Amiral Rossily une dépêche chiffrée qui ordonnait la prise de Cadix afin d’intercepter tout navire prêt à partir et de faciliter l’arrestation la famille royale au cas où elle voudrait imiter « cette folie13 ».

La chute du royaume de Sardaigne en 1798 et les incertitudes sur son destin provoquèrent une avalanche de fausses rumeurs dans la péninsule Italique. À la veille du départ des souverains de Naples, quand ministres, cour et biens de l’État étaient déjà embarqués sur les navires, un des généraux napolitains monta sur le bateau où se trouvait Ferdinand Ier avec de terribles nouvelles : les Français avaient « révolutionné le Piémont, emprisonné et envoyé toute la famille royale à Paris et réuni toute l’armée de cette puissance à l’armée française pour envahir et conquérir le reste de l’Italie tandis qu’une colonne entrait en Toscane14 ». Ces rumeurs s’opposaient à d’autres qui circulèrent à la même époque : l’abdication du roi de Sardaigne et la cession de ses états à la France, disait-on, seraient compensées par les Deux-Siciles, enlevées aux Bourbons en faveur des Savoie.

Les rumeurs partaient souvent de faits concrets. Les puissances de première grandeur – les « planètes » - pourraient profiter de la chute des monarchies de deuxième grandeur – les « satellites ». Tandis que le tsar Paul Ier soutenait la cause de la restauration des Savoie sur le trône sarde, l’empereur François II d’Autriche se complaisait à l’idée de leur exil forcé, en y voyant la possibilité d’annexer aux domaines autrichiens les terres que cette maison dorénavant déchue avait conquises tout au long du XVIIIe siècle. En 1803, on envisagea d’échanger le Piémont contre les États de Sienne, ou de Lucques, ou encore de Massa Carrara, tout en y ajoutant une grosse somme d’argent, ce que refusa Victor Emmanuel Ier15. Les suggestions les plus variées se succédèrent jusqu’à la veille de la restauration des Savoie sur le trône en 1815. Entre septembre et octobre 1811, une lettre que Joseph de Maistre adresse au roi exilé Victor Emmanuel Ier, alors en Sardaigne, révèle la valse permanente des idées et des mesures à prendre :

Étant l’autre jour chez le chancelier de l’empire, il me fit part d’une notice qui lui était venue de Sardaigne par la voie du Prince Koslowski, à savoir, que Votre Majesté avait été avertie, je ne sais par qui, que dans les conférences d’Erfurt ou de Tilsit Sa Majesté impériale s’était accordée avec Napoléon sur le projet de placer Votre Majesté en Afrique. Le chancelier m’affirma très-expressément que l’Empereur l’avait chargé de m’assurer qu’une telle idée ne s’était jamais présentée à son esprit. Il m’en parla même comme d’une extravagance, et me dit que sans l’ordre exprès de sa Majesté Impériale il n’aurait pas daigné m’en parler. Comme il m’avait assuré qu’il n’avait jamais été question de ce projet dans les susdites conférences, je crus devoir lui répliquer à cet égard que je le croyais parfaitement puisqu’il me faisait l’honneur de m’en assurer, mais que je me tenais néanmoins parfaitement sûr qu’il avait été question du roi de Sardaigne dans les conférences ; que le contraire même n’était pas possible, mais que j’étais persuadé que Sa Majesté Impériale n’avait pris à cet égard que des engagements purement négatifs, en promettant de ne plus s’en mêler, sentant au reste parfaitement que c’est là tout ce que pouvait faire un tel prince dans les circonstances où il se trouvait16.

Les réseaux de propagation des nouvelles

Loin des champs de bataille et des carnages provoqués par les belligérants une autre guerre se déroule alors : celle des informations. Pamphlets, gazettes et journaux, dont l’importance à l’époque ne cesse de croître, divulguent les nouvelles et les nouveautés ; mais il existe aussi d’autres réseaux et d’autres moyens susceptibles de propager les événements, ce faisant, de raccourcir les distances et de semer la panique parmi les populations.

Les lettres, les rapports et les informations émanant des diplomates attachés aux trois monarchies auxquelles on a ici affaire constituent l’un des réseaux les plus importants pour comprendre la volatilité des nouvelles et les déformations produites par la multiplication des rumeurs qui, souvent contradictoires, circulent alors entre les cours européennes. Ces documents consignent la perplexité des individus face aux changements rapides, à l’insécurité qui gagnait toute l’Europe et au destin des rois détrônés. Dans un monde gouverné par des rois et habitué au système monarchique, le déplacement des cours royales renforce la peur et la panique qu’à son tour réactivent l’insécurité et le sentiment que la fin des temps s’approchait. Au-delà des impressions et des sensibilités exacerbées il y avait néanmoins de quoi penser le monde de la politique et le sens de l’Histoire : diffusés par les différents individus qui circulaient entre des territoires si variés voyageurs, marins, écrivains, artistes mais, en l’occurrence, surtout des diplomates – les événements passaient souvent pour être des avertissements virtuels pointant les possibilités presque infinies ouvertes par un futur incertain et incontrôlable. Pour éviter la répétition de situations sans issue et les catastrophes qui s’ensuivraient, on suggérait des mesures, on risquait des solutions, on en arrivait aux considérations pratiques : celles, par exemple, qui concernaient le déplacement des envoyés diplomatiques, des chargés d’affaires et des ambassadeurs censés communiquer avec leurs pays d’origine et attendre leurs instructions, aussi bien que les ressources, et donc l’argent, nécessaires à leurs voyages. Devaient-ils suivre les monarques déchus ou leur fallait-il regagner leurs cours ?

Les diplomates et les armées

La correspondance des diplomates portugais dépêchés auprès des cours de Sardaigne et de Naples révèle que les événements dont ils ont été témoins lors des fuites de 1798 ont stimulé leurs réflexions sur la fragilité de la monarchie portugaise. Dès lors, ils se sont employés à démontrer aux ministres de la cour du Portugal que la chute des souverains de la péninsule italienne et l’invasion de leurs territoires par les Français devaient servir d’exemple à leur pays. Le danger était imminent, disaient ces diplomates, « et la Révolution française frappe en alternance les crédules et les insouciants17 ». Ils considéraient que l’Italie était à ce moment un observatoire privilégié, qu’il était donc urgent de transmettre à la cour de Lisbonne tout ce qui se passait sur la Péninsule et de réfléchir à la « très pressante nécessité d’abandonner la routine ancienne de se concerter tout le temps avec Madrid et Londres18 ». De la France, ennemie commune des monarchies « satellites », il fallait toujours se méfier, et plus encore des paroles – et des rumeurs …- que des armes : les négociations devaient être suivies avec attention, les armistices refusés, les conditions pactisées toujours très clairement expliquées, « car les clauses secrètes et les armistices sont fatals19 ».

Les frères Domingos Antonio et Rodrigo de Sousa Coutinho, (respectivement marquis de Funchal et comte de Linhares) ont été, à des périodes différentes, des diplomates accrédités auprès de la cour de Turin. Au long des années 1790, ils ont écrit des rapports dirigés aux secrétaires d’État et au prince régent conseillant le transfert de la cour portugaise en Amérique du Sud. Le 17 juillet 1801, Domingos Antonio envoya de Naples un mémoire au secrétaire des affaires étrangères, dom João de Almeida de Melo e Castro, dans lequel il le priait de considérer que le Brésil et les possessions d’outre-mer avaient plus de poids et de valeur que le Portugal lui-même. Si des ennemis envahissaient le Portugal ce pays pourrait être récupéré sans trop de difficulté au cas où l’Europe serait sauve, tandis que, une fois le Brésil séparé et indépendant, les pertes seraient irréparables et la monarchie même courrait à sa perte20.

En 1808, stimulées par les agents de la police et par les journaux locaux, les rumeurs les plus variées circulaient parmi les soldats français et les officiers de l’armée d’occupation du Portugal :

La ville est pleine du bruit d’une prétendue révolte dans les troupes portugaises vers Valladolid : on ajoute qu’elles ont tué leur général, qui voulait les empêcher de se réunir aux factieux d’Espagne. Toute cette fable n’est appuyée sur aucune lettre sérieuse mais sur des vaines rumeurs21.

On proclamait,

la prise de Cadix par les Anglais ; le massacre du général Solano; de prétendues insurrections sur les frontières; l’union du général Gomes Freire de Andrade avec le général espagnol marquis de Socorro qui était à la tête d’un rassemblement assez considérable22.

Par ailleurs, le 5 juillet 1808, quatre mois après l’arrivée du prince régent et de la cour à Rio de Janeiro, des nouvelles venues du Brésil annonçaient « que le prince s’était établi avec toute la famille royale à Minas Gerais » et qu’il aurait « institué un nouvel ordre dit de la Fidélité, pour récompenser ceux qui l’avaient suivi au Brésil23 ».

Quoique vraisemblable dans les circonstances du moment, il va sans dire, rien de tout cela n’était vrai.

Les affabulations

Les rumeurs qui circulaient partout ont, à leur façon, livré des batailles, opposant ceux qu’on considérait à l’époque comme des révolutionnaires à ceux qui passaient pour des contre-révolutionnaires.

En envisageant les différentes réponses que suscitaient les menaces posées par les principales puissances de l’époque - la Grande Bretagne et la France révolutionnaire et napoléonienne -, on a tenté jusqu’à présent de comprendre comment le monde de la politique et de la diplomatie portugaise cherchait des issues jouables face à la crise gigantesque qui pouvait ébranler toute l’Europe au point de compromettre à jamais la stabilité des empires coloniaux comme celui du Portugal. Les arguments invoqués étaient souvent vagues et contradictoires, mais ils essayaient de se présenter sous la forme de discours rationnels et organisés : en première ligne on trouve des hommes comme Dom Rodrigo de Sousa Coutinho, comte de Linhares, d’un milieu qui était fortement influencé par la philosophie des Lumières.

Toutefois le rêve de la raison produisait aussi des monstres, ainsi que l’a si bien exprimé un contemporain de ces événements, le peintre Francisco Goya. En 1807, quand les rumeurs sur le transfert de la cour portugaise vers les possessions sud-américaines des Bragance se firent de plus en plus insistantes, on publia à Lisbonne, à l’Imprimerie royale (Impressão Régia) un pamphlet sous le titre Histoire de l’animal ou du monstre qu’on dit apporté d’Amérique à cette capitale (História do bicho ou monstro que dizem fora trazido da América para esta capital)24. En peu de pages, il racontait l’histoire d’un monstre ramené des bois de l’Amérique vers Lisbonne, et dont les exploits, selon toute probabilité, auraient été transmis aux différentes parties du Royaume, et même à d’autres pays, « comme un fait positif et absolument indubitable » (como um fato positivo, e fora de toda a dúvida). On a ensuite vu paraître la peinture d’un « monstre humain », géant qui mesurait douze empans de haut et quatre de large (environ 2,40 m par 0,80 m). Il avait le corps couvert de poils comme celui d’un ours, ses yeux et son nombril étaient rouges, ses ongles étaient longs et recourbés comme les griffes d’un lion et ses dents pareilles à celles d’un sanglier. Sa première apparition avait été consignée sur le Chemin de la Mer (Caminho do Mar) qui reliait, depuis les premiers temps de la colonisation, la ville de Santos, sur le littoral atlantique sud, à celle de São Paulo, fondée en 1554 par les jésuites sur un plateau à 80 km de la mer. Le pamphlet relatait les actes d’anthropophagie commis par le monstre, les efforts inutiles réalisés pour le tuer jusqu’au succès final quand on eut découvert que son nombril était la seule partie vulnérable de son corps.

Mais comme l’existence de ce géant supposait celle d’autres êtres pareils à lui, on décida d’expédier à Lisbonne celui dont s’occupait le pamphlet. On avança plusieurs explications possibles de son origine, et on conclut qu’il était originaire des bois de São Paulo : « Em São Paulo e em outras partes da América Meridional há uma antiga tradição de que se acham naqueles sertões tribos de povos selvagens da grandeza de gigantes, cobertos pela maior parte de cabelos e carnívoros25 » ; « Outras pessoas dizem que cai significa macaco e que caipira são macacos grandes que vivem no interior dos bosques ; e asseguram que em São Paulo se põe medo às crianças com caipira, como entre nós com o papão26 ». Ou encore,

Estes homens são conhecidos pelo nome de caipiras, que quer dizer ‘selvagens dos bosques, porque cai, na língua do país, significa ‘bravio’, e pira, ‘árvore’, e como ali há o uso de fazerem os adjetivos substantivos, designam o homem bravio que vive entre as árvores com o nome de caipira27.

Vers la fin du pamphlet le récit établit une relation entre le caipira – le monstre – et le caipora, personnage de la mythologie indigène qui chevauchait des porcs et terrifiait les habitants de l’arrière-pays brésilien.

On pourrait discuter bien d’autres dimensions de l’histoire du Monstre du Chemin de la Mer, mais cela nous écarterait du sujet de cet article. Quelques remarques néanmoins s’imposent pour clore notre réflexion.

Depuis l’Antiquité, des récits sur les monstres et les animaux fantastiques ont accompagné l’histoire des voyages des Européens dans des régions éloignées, Ulysse étant en quelque sorte le « père fondateur » de cette tradition. Comme d’autres possessions d’outre-mer à l’époque moderne, le Brésil n’a pas dérogé à la règle, et les premières chroniques portugaises écrites sur cette contrée font mention d’un nombre considérable d’êtres de cette sorte. Ce qui rend l’exemple du Monstre du Chemin de la Mer particulièrement intéressant, c’est le sens qu’on peut lui donner en le mettant en relation avec le contexte des invasions napoléoniennes qui menaçaient l’autonomie du Portugal et révélaient sa fragilité.

Les pamphlets, rappelons-le, contenaient le plus souvent des histoires scandaleuses et spectaculaires destinées à un grand public. Au début du XIXe siècle, les pamphlets antinapoléoniens ont proliféré, et leur violence s’est accrue au fur et à mesure que leur cible remportait des succès militaires et renversait les gouvernements « réactionnaires ». Dans ces écrits, l’ennemi puissant et presque invincible se métamorphose en monstre menaçant, brutal et sauvage, accoutumé à manger de la chair humaine et compagnon du Diable au tréfonds de l’enfer28. Ce n’est donc pas un hasard si à ce moment troublé de l’histoire du Portugal se diffuse sous une forme populaire – le pamphlet - une histoire dont le protagoniste principal était un monstre originaire du Brésil. Le Brésil n’était-il pas alors ce territoire gigantesque qu’on considérait étranger à toute civilité, habité par des brutes qui pouvaient à peine être considérées comme des êtres humains ? Le monstre, aussi énorme que le territoire qui le porte, était aussi un symbole de la population autochtone, puisque le mot caipira ici utilisé désignait les habitants des capitaineries de São Paulo, Minas Gerais et, par extension, des régions plus intérieures du territoire luso-américain, là où le mélange avec les Indiens donnait naissance à une population métisse. Une population identifiée avec l’arrière-pays, avec le sertão, un terme vague qui désignait les contrées écartées et sauvages, pareille en l’occurrence au monstre aux aguets, prêt à bondir sur ceux qui se déplaçaient sur une route qui n’est pas n’importe laquelle. Car elle n’a pas été choisie au hasard : il s’agit du Chemin de la Mer, une voie qui reliait la côte Atlantique aux plateaux intérieurs. Elle gravissait la Montagne de la Mer (Serra do Mar), elle était escarpée et descendait en pente vers l’océan ; jusqu’au XVIIIe siècle on ne pouvait la franchir qu’à grand peine29. Selon toute évidence, les jésuites arrivés dans la région en 1554 et qui catéchisaient les Indiens, furent les premiers à considérer la Montagne comme une muraille qui séparait le monde civilisé de la barbarie, les chrétiens des gentils, les Européens des indigènes. La montagne, semble-t-il, est toujours un accident géographique chargé de significations, un repère entre des mondes différents, mais aussi un espace de fantaisie, de rébellion et de magie30.

Transporté vers les terres portugaises, le Monstre du Chemin de la Mer devient ainsi l’antithèse du déplacement de la Cour vers le Brésil, il prend le contrepied de tous les arguments qui défendaient cette éventualité. Rien ne devait être changé dans l’ordre établi, qui distinguait la tête du royaume et de l’empire – Lisbonne – de ses territoires d’outre-mer. Déplacer l’axe politique, faire basculer le sens de la domination pourrait provoquer des catastrophes, comme celles causées par le monstre caipira abandonné sur les terres du royaume.

Ce pamphlet visait à mettre en garde les Portugais face à une inversion que s’avérait néfaste, il les avertissait des périls qu’on courait à fuir les armées du Corse, le Croquemitaine par excellence. On risquait, ce faisant, de sombrer sous les griffes du Monstre-Caipira, symbole d’un territoire éloigné, énorme, menaçant et sauvage – du moins pour la plupart des Portugais du commun en ce début du XIXe siècle.

Prenons donc au sérieux les histoires imaginées : il n’existe peut-être rien de plus vrai dans les moments de crise.

Bibliographie

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Documents

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IANTT, MNE, Arquivo de Serviços Centrais (ASC), Correspondência das legações estrangeiras, Turim, caixa 874. 1800-18.... Ofício nº 28, 3ª via, Florence, 10/06/1800 ; ofício nº 38, Livorne, 30/07/1800 ; ofº nº 58, Rome, 07/02/1801 ; ofº nº 66, Rome, 29/03/1801 ; ofº nº 78, Naples, 17/07/1801.

Notes

1 Tocqueville, Alexis de, L’Ancien Régime et la Révolution, Paris, Flammarion, 1988. Retour au texte

2 Voir Lima, Manuel de Oliveira, Dom João VI no Brasil, 4a Edição, Rio de Janeiro, Topbooks, 2006, p. 230 : « ...o provisório podia tornar-se definitivo. Era então o tempo dos grandes planos, das grandes quimeras e das grandes partidas, quando se jogavam coroas, povos e raças sobre o tabuleiro político. Nada parecia impossível, nada improvável, nada difícil. Um tenente corso estava feito imperador da Europa; os seus irmãos, havia poucos anos esfomeados, os seus marechais, havia poucos anos soldados rasos, repimpados em tronos seculares; as nações passavam de mão para mão como notas de banco, criavam-se federações e fragmentavam-se continentes ». Retour au texte

3 Maistre, Joseph de, Mémoires politiques et correspondance diplomatique de Joseph de Maistre. Avec explications et commentaires historiques, 2e édition revue et corrigée, Paris, Librairie Nouvelle, 1858, p. 373. Retour au texte

4 Sur les idées et conceptions sur le trône vide, voir l’ouvrage classique de Viola, Paolo, Il trono vuoto – la transizione della sovranità nella rivoluzione francese, Torino, Einaudi, 1989. Retour au texte

5 Pour l’encadrement de l’époque, voir : Botta, Carlo, Storia d’Italia dal 1789 al 1814, Prato, Tipografia FF, Giachetti, 1862 ; Cognasso, Francesco, I Savoia, s/l, dall’Oglio editore, 1971; Bianchi, Nicomede, Storia della Monarchia Piemontese dal 1773 sino al 1861, volume terzo, Roma /Torino / Firenze, Fratelli Bocca, 1879 ; Carutti, Domenico, Storia della Corte di Savoia durante la Rivoluzione e l’Impero francese, Turim, L. Roux e C., volume primo, s/d. ; Gerbaix di Sonnaz, Roma e Carlo Emanuele IV di Savoia nei negoziati austro-francesi del 1798, Roma, Direzione della Nuova Antologia, 1913 ; Acton, Harold, Les Bourbons de Naples, Paris, Perrin, [1955] 1986 ; Hibbert, Christopher, Nelson – a personal history, Londres, Penguin, 1995 ; Diario di Ferdinando IV di Borbone, a cura di Umberto Caldora (1796-1799), Napoli, Edizioni Scientifiche Italiane, 1965 ; Galasso, Giuseppe (dir.), Storia d’Italia, vol. VIII, 2, Notario, Paola, Nada, Narciso, Il Piemonte sabaudo. Dal período napoleônico al Risorgimento, Torino, UTET (Unione Tipografico-Editrice Torinese), 1993 ; Galasso, G. (dir.), Storia d’Italia, vol X, Day, John, Anatra, Bruno, Scaraffia, Lucetta, La Sardegna medioevale e moderna, Torino, UTET (Unione Tipografico-Editrice Torinese), 1984 ; Galasso, Giuseppe (dir.), Historia d’Italia, vol. XV, tomo 4, Galasso, G., Il regno di Napoli. Il Mezzogiorno borbonico e napoleônico – 1734-1815, Torino, UTET, 2007. Retour au texte

6 Hobsbawm, Eric, L'Ère des révolutions : 1789-1848, Paris, Fayard, 1970. Retour au texte

7 Knapp, Oswald G. (ed.) The intimate letters of Hester Piozzi and Penélope Pennington 1788-1821, with thirty illustrations, London, John Lane, The Bodley Head ; New York, John Lane Company, Toronto, Bell & Cockburn, 1914. Retour au texte

8 Knapp, Oswald G. (ed.), The intimate…, op. cit., p. 141. Retour au texte

9 Ministère des Affaires Étrangères, Mémoires et Documents, France, Bourbons, vol. 621 (« Lettres autographes de Louis XVIII. Correspondance de la comtesse de Provence avec son père, le roi de Sardaigne et avec sa lectrice, Mme De Gourbillon – 1791-1810 »), doc. 57, lettre de 29/04/1796. Retour au texte

10 Madame de Staël, Dix années d’exil, Paris, Payot & Rivages, 2018, p. 287-288. Retour au texte

11 Marbot, Jean-Baptiste, Mémoires du général baron de Marbot, 2 vols, Paris, Mercure de France, 1983, p.409-10. Retour au texte

12 Azeredo, Carlos de, As populações a norte do Douro e os franceses em 1808 e 1809. Alguns Elementos Históricos, Porto, Museu Militar, 1984, p. 15. Retour au texte

13 Ibidem. Retour au texte

14 Caldora, Umberto (a cura di), Diario di Ferdinando IV di Borbone, (1796-1799), Napoli, Edizioni Scientifiche Italiane, 1965, p. 411. Retour au texte

15 « Non si poteva trattare in questo modo dei sudditi fra i quali gli Avi avevano vissuto otto secoli ed ai quali i Savoia dovevano la loro esistenza », aurait dit Carlo Felice dans cette occasion, approuvant le refus de son frère face à telle proposition. Cf. Cognasso, op. cit., p. 513. Retour au texte

16 Maistre, Joseph de, Correspondance Diplomatique de Joseph de Maistre – 1811-1817. Recueillie et publiée par Albert Blanc, 2 vols, Paris, Michel Lévy Frères, Libraires-Éditeurs, 1860, vol. 1, p. 21. Retour au texte

17 IANTT, MNE, Arquivo de Serviços Centrais (ASC), Correspondência das legações estrangeiras, Turim, caixa 874. 1800-18.... Ofício nº 28, 3ª via, Florence, 10/06/1800. Ofício nº 38, Livorne, 30/07/1800. Retour au texte

18 Ibidem, ofº nº 58, Rome, 07/02/1801. Retour au texte

19 Ibidem, ofº nº 66, Rome, 29/03/1801. Retour au texte

20 Ibidem, Offº 78, Naples, 17/07/1801. Le passage en Portugais : « se Vossa Excelência não considera que o Brasil e as conquistas valem mais do que Portugal, que Portugal será sempre restituído se a Europa se salvar e que o Brasil poderá perder-se para sempre, e separar-se por si mesmo. Sua Alteza Real corre risco de perder toda a Monarquia... ». Retour au texte

21 Ferrão, António, A primeira invasão francesa (a invasão de Junot vista através dos documentos da Intendência Geral da Polícia, 1807-1808), Coimbra, Imprensa da Universidade, 1923, p. 353-354. Retour au texte

22 Ibidem, p. 377. Retour au texte

23 Ibidem, p. 418-419. Retour au texte

24 Lisboa, na Impressão Régia, ano 1807, com licença de Sua Alteza Real. Vende-se por 240 réis na Loja da Gazeta, e na Impressão Régia com uma estampa iluminada. Je n’ai pas consulté le pamphlet, mais le livre de D’Escragnolle-Taunay, A., Monstros e Monstrengos do Brasil, Priore, Mary del (org.), São Paulo, Companhia das Letras, 1998, p. 255-264. Retour au texte

25 D’Escragnolle-Taunay, A., op. cit., p. 261 et antérieures. Retour au texte

26 Ibidem. Retour au texte

27 Ibidem. Retour au texte

28 Neves, Lúcia Maria Bastos Pereira das, Napoleão Bonaparte. Imaginário e política em Portugal (c.1808-1810), São Paulo, Alameda Casa Editorial, 2008. Retour au texte

29 Pour une bonne définition de sertão, voir Saint-Hilaire, Auguste de, Voyage à Minas Gerais, vol. II, Gallica, 1850, p. 299-301. Retour au texte

30 Gal, Stéphane, Histoires verticales. Les usages politiques et culturels de la montagne (XIVe-XVIIIe siècles), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2018. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Laura de Mello e Souza, « La guerre des nouvelles dans le contexte des invasions napoléoniennes : le cas de la Sardaigne, de Naples et du Portugal – 1796-1808 », Reflexos [En ligne], 5 | 2022, mis en ligne le 07 novembre 2022, consulté le 25 avril 2024. URL : http://interfas.univ-tlse2.fr/reflexos/167

Auteur

Laura de Mello e Souza

Professeure des Universités, Sorbonne Université, Centre Roland Mousnier.

laurademelloesouza@gmail.com

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