Eça de Queiroz dans la Gazeta de Notícias de Rio de Janeiro ou le journalisme palimpseste

Résumés

À la lumière des récents travaux sur la transtextualité, en particulier sur ceux portant sur l’intertextualité, il s’agira d’analyser les formes et les fonctions de la référence et de l’allusion dans les chroniques adressées entre 1892 et 1897 par Eça de Queiroz au journal Gazeta de Notícias de Rio de Janeiro.

Baseando-nos nos mais recentes trabalhos dedicados à transtextualidade, em especial sobre os que dizem respeito à intertextualidade, tratar-se-á de analisar as formas e as funções da referência e da alusão nas crónicas enviadas entre 1892 e 1897 por Eça de Queiroz para o jornal carioca Gazeta de Notícias.

Plan

Texte

En nous basant sur les récents travaux portant sur la transtextualité1, nos recherches récentes ont consisté à revisiter les quarante-six chroniques écrites à Paris entre le 18 janvier 1892 et le 20 septembre 1897 et adressées par Eça Queiroz au journal «carioca» Gazeta de Notícias2. Lecture ouverte du côté de la bibliothèque antérieure de l’auteur de Os Maias, il s’est agi de délimiter les contours et souligner les enjeux de cette écriture palimpseste3. Dépassant la simple critique des sources aujourd’hui révolue mais encore prégnante au Portugal4, la perspective retenue tend à mettre l’accent sur le caractère dynamique, intentionnel et calculé de ce « pillage allègre5 » des sources littéraires et journalistiques auquel le chroniqueur parisien semble s’adonner dans sa correspondance. Ne se limitant pas à sa nature citationnelle6, l’intertexte qui traverse ces chroniques parisiennes s’apparente aux deux principaux modes d’intégration du texte antérieur identifiés par Tiphaine Samoyault – installation, suggestion7. Cette classification des phénomènes intertextuels permet tout d’abord de distinguer deux types de références – l’une précise assimilable à la citation canonique, l’autre simple proche de l’allusion. La référence précise suppose la mise en place de plusieurs matériaux visibles, comme le titre et le nom d’auteur ou le nom de personnage et le nom d’auteur, elle relève comme la citation marquée ou canonique de l’intégration-installation. À l’inverse dans la référence simple et l’allusion qui appartiennent à l’intégration-suggestion, la présence de l’intertexte est suggérée, sans être développée et “exige une mise en œuvre plus étendue du savoir du lecteur ou de son imagination des rapprochements8”. Repérable par la seule mention d’un nom (d’auteur, de mythe, de personnage) ou d’un titre, la référence simple “présente un intertexte dilué, presque interminable et se confond avec l’allusion qui est rendue présente par un certain nombre d’indices textuels vagues9”. Appliquée à la correspondance d’Eça de Queiroz avec la Gazeta de Notícias, cette classification des pratiques intertextuelles permet de déterminer que le texte queirozien dissimule plus la matière empruntée qu’il ne l’installe, en ce sens que la référence précise (double mention de l’auteur et du titre) occupe une place réduite dans les procédés d’intégration mis en place par le texte d’accueil. Le chroniqueur préfère suggérer à ses lecteurs la présence de l’intertexte par le moyen de la référence simple et de l’allusion. C’est donc sur ces deux modes distincts d’intégration de la bibliothèque antérieure dans le texte d’accueil que nous allons revenir maintenant10.

1. La bibliothèque montrée : la référence précise

Si l’on s’attache aux fragments non littéraux introduits par la double mention du nom de l’auteur et du titre, notons qu’ils ne traversent que quatre des quarante-six chroniques parisiennes adressées à la Gazeta de Notícias. Il s’agit de “Bock Ideal11” probablement publiée en 1893, “Ecos de Paris12” des 10, 11 et 13 août 1894, “Cartas Familiares de Paris13” des 2, 3, 4 et 5 septembre 1894 et “A Sociedade e os climas14” des 17 et 18 février 1895.

En ce qui concerne “Bock Ideal”, il convient tout d’abord de rappeler que la citation à fonction d’érudition qui vient souligner au début du texte le manque d’originalité de la pensée du directeur de la Revue des Deux Mondes est introduite de façon suffisamment explicite (titre + nom de l’auteur) dans le corps du texte :

“E foi justamente no seu livro Le Roman Russe, que o Sr. de Vogüé, pela primeira vez, manifestou as disposições morais com que entrava, apóstolo preciosamente literário, nas lutas de pensamento e de doutrina15”.

Or une lecture attentive de la chronique nous permet de constater que ce renvoi à la principale œuvre de Melchior de Vogüé ne se limite pas à introduire la citation que nous venons de lire, il prolonge le mouvement d’authentification de la source des références précises héritées du Roman Russe16 que le chroniqueur a choisi de convoquer pour remettre en cause les propos du critique français. Introduites par la même structure syntaxique (Já + sujet + nos + verbe au plus-que-parfait simple + que), les cinq premières reprises explicites consistent à démontrer que “a única fascinação nova nestas ideias do Sr. de Vogüé vinha da forma magnífica com que ele as ornava e ordenava – porque o Sr. de Vogüé é um estilista de imenso luxo, possui os gostos e a opulência de um Chateaubriand, e nunca deixa sair os seus princípios à rua sem os cobrir de veludos e rendas, em cortejo vistoso17.” C’est le cas de l’énoncé “já os astrónomos nos tinham afirmado que, com humildes e obscuras moléculas de vapor, se fez o orgulhoso Sol que nos alumia18.” qui n’est pas sans rappeler les explications scientistes de Melchior de Vogüé à la page XV rendant compte des nouvelles découvertes sur l’origine de l’Univers :

“ce n’est plus le chef-d’œuvre construit de toutes pièces en six jours, par l’opération soudaine d’un démiurge. Une vapeur qui se fixe, des gouttes d’eau, des molécules lentement agglomérées durant des myriades de siècles, voilà l’humble commencement des planètes19”.

Par le moyen de la personnification des éléments naturels (“humildes e obscuras moléculas” et “orgulhoso Sol”), Eça de Queiroz semble s’en prendre au discours pseudo-scientifique utilisé par M. de Vogüé. Ce subtil procédé de démystification du texte antérieur se poursuit d’ailleurs dans la phrase suivante, dans la mesure où l’explication géologique volontairement absconse de M. de Vogüé à la page XIV (“S’agit-il d’expliquer les transformations sucessives du globe ? Les volcans, les déluges, les grands cataclysmes n’y ont plus qu’une faible part ; c’est l’ouvrage des anonymes et des imperceptibles, le grain de sable roulé par la source durant des jours sans nombre, le rocher de corail qui devient continent par le travail des microzoaires, du petit peuple patient employé au fond de l’Océan20.”) prend une forme délibérement empirique sous la plume du chroniqueur portugais :

“Já os geólogos nos tinham contado que esses Alpes que nós vamos, nas férias de Verão, contemplar com religiosa reverência, são a obra colectiva e paciente dos grãozinhos de areia que os nossos pés pisam com desdém21.”

Les remarques des psychologues ne sont pas non plus sans rappeler la manière propre de M. de Vogüé à la page XVII (“c’est la même préoccupation chez le psychologue qui étudie les secrets de l’âme ; la personnalité humaine lui apparaît comme la résultante d’une longue série de sensations et d’actes accumulés, comme un instrument sensible et variable, toujours influencé par le milieu22”), tant il est vrai qu’Eça de Queiroz affirme que “já os psicólogos nos tinham ensinado que, por meio de pequeninas e brutas percepções inconscientes, se criam consciências tão claras e fortes como foi a de um Sócrates23”. L’apport de l’histoire positiviste souligné par de Vogüé à la page XVI (“l’histoire reçoit la déposition des peuples et repousse au second plan les seuls témoins qu’elle écoutât jadis, rois, ministres, capitaines24”) est également reprise, sous une forme plus incisive, dans le texte d’Eça de Queiroz : “e já bons historiadores nos tinham provado que a História não é feita pelos reis e pelos heróis, mas por esses escuros rebanhos de seres que nós chamamos as populaças25. Enfin, M. de Vogüé observe à la page XX que “tandis que les institutions remettaient le gouvernement des États à la multitude, les sciences rapportaient le gouvernement du monde aux atomes26”, le correspondant portugais souligne par une formulation non dépourvue d’humour le manque d’originalité de cette constatation :

“Algumas destas conclusões do saber já se achavam mesmo traduzidas em factos de civilização: – e enquanto os laboratórios reconheciam que o governo do mundo pertence aos átomos (e, ai de nós, aos bacilos!) já as instituições iam resignadamente entregando às multidões a direcção dos estados27.”

S’il est acquis pour Melchior de Vogüé, d’après ce que l’on vient de lire, que la démocratie et la science “gouvernent le monde”, ce constat fait l’objet dans “Bock Ideal” d’une vive contestation de la part du correspondant portugais. En introduisant son propos par deux interrogatives à valeur rhétorique (“São elas, realmente, duas grandes vitoriosas? Não se têm elas, ao contrário, mostrado impotentes no seu desesperado esforço ?28”), Eça de Queiroz veut prouver dans la suite du texte combien Melchior de Vogüé se trompe dans son appréciation. Une fois de plus, le chroniqueur élabore son argumentation en s’inspirant fortement du texte de la préface du critique français. En effet, de Vogüé se félicite à la page XVI de l’avancée de la démocratie en Europe en affirmant que :

“Est-il besoin d’insister sur l’application de ces tendances [de la démocratie] dans la vie pratique ? Nivellement des classes, division des fortunes, suffrage universel, libertés et servitudes égales devant le juge, devant le fisc, à la caserne et à l’école, toutes les conséquences du principe viennent se résumer dans ce mot de démocratie, qui est l’enseigne de notre temps. On disait déjà, il y a soixante ans, que la démocratie coulait à pleins bords, aujourd’hui le fleuve est devenu mer, une mer qui prend son niveau sur toute la surface de l’Europe29.”

Eça de Queiroz, pour sa part, conteste ce point de vue en montrant combien les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité qui sont les fondements de la démocratie sont, en cette fin de siècle, loin d’être une réalité dans le monde occidental :

“A democracia, saída toda inteira da Declaração dos Direitos do Homem, que afirmara soberbamente a sua liberdade e a sua igualdade, encontra no homem um ser mesquinhamente sujeito a todas as fatalidades físicas e a todas as dependências sociais, e não consegue libertá-lo delas – porque contra os direitos do homem, declarados, protestam as realidades da Natureza, experimentadas. Daí todas as angustiosas contradições do século. Em lugar da fraternidade, vem a guilhotina operar como factor de civilização; – e em vez das raças fundidas numa concórdia universal, crescem as nacionalidades antagónicas, que se abominam e vivem cobertas de ferro e armas, espreitando, por cima das fronteiras, o apetecido momento psicológico de se entredilacerarem. Da aristocracia territorial e senhorial decepada renasce, como cabeça número dois da hidra, a aristocracia argentáría e industrial; – e o mundo, que deixara de ver escravos revoltados e jacqueries, de novo as encontra ante si, mais implacáveis e dolorosas, sob o nome de comunismo e de niilismo. E, como se isto não bastasse, a própria ciência nega a origem da democracia, que se dizia ser a igualdade natural provando que a única lei universal é a desigualdade; que o homem, como os outros seres, está sujeito à selecção evolutiva; que o direito das espécies à vida se avalia à proporção da sua capacidade para viver; que quem triunfa e sobrevive, é o mais forte, e que, portanto, só há realidade de direito quando há manifestação de força. Diremos ainda que a democracia é uma vitoriosa30?”

En ce qui concerne la science, un même dialogue s’établit entre le texte du Roman Russe et celui du correspondant portugais à Paris. L’optimisme débordant de M. de Vogüé qui caractérise la page XVI à l’égard des espoirs nouveaux nés des découvertes de la biologie (“La découverte est d’une telle importance, qu’on se prend à douter si l’avenir, au lieu de désigner notre siècle par le nom de quelque rare génie, ne l’appellera pas le siècle des microbes; nul mot ne rendrait mieux notre physionomie et le sens de notre passage à travers les générations31.” ) est largement nuancé par le chroniqueur portugais qui n’hésite pas à interpeller le critique français pour montrer que les progrès de la science ont seulement permis à l’homme fin-de-siècle de mesurer l’étendue de son ignorance, sans le libérer pour autant de ses incertitudes :

“E a própria ciência? A ciência, que tão duramente destrói assim as promessas da democracia, tem ela realizado as suas promessas? Não, meu caro Sr. de Vogüé. A ciência tem somente, pela magnitude e extensão do seu esforço, tornado mais saliente a pequenez da sua obra. O que acontece com a nossa arrogante ciência? Que em torno de cada curta verdade que ela conquista – se estende logo e irremediavelmente um imenso campo de incerteza. A ciência realmente só tem alcançado tornar mais intensa e forte uma certeza: – a velha certeza socrática da nossa irreparável ignorância. De cada vez sabemos mais – que não sabemos nada32.”

Notons que cette affirmation semble être calquée sur celle de M. de Vogüé, puisque l’on peut lire sous la plume de l’essayiste à la page XX l’affirmation suivante :

“il [l’homme] dut s’avouer qu’en étendant son domaine, il avait étendu son regard, et que par delà le cercle des vérités conquises, l’abîme d’ignorance reparaissait, toujours aussi vaste, aussi irritant33.”

Si, sans l’avouer à ses lecteurs, Eça de Queiroz reprend une partie du raisonnement de l’auteur du Roman Russe, c’est pour mieux en souligner le caractère spécieux :

“O certo é que aí vemos o Bock Ideal aclamando com fervor e crença o Sr. de Vogüé, quando ele afirma, na sua maneira nobre e vaga (mas que satisfaz o Bock), que só o espírito do Evangelho dará à democracia essa alta direcção moral, esse espírito de simpatia e sacrifício, essas formas de amor e renunciamento, únicas capazes de fundir as classes, proteger os interesses da justiça, combater a tirania do dinheiro e realizar a igualdade na Terra34.”

Le chroniqueur s’inspire pour cela de la page XXIII de la préface de cet essai dans laquelle M. de Vogüé affirme que l’Évangile est à l’origine de l’élan démocratique qui s’est emparé des peuples occidentaux :

“cette goutte de pitié, tombée dans la dureté du vieux monde, a insensiblement adouci notre sang, elle a fait l’homme moderne avec ses conceptions morales et sociales, son esthétique, sa politique, son inclination d’esprit et de cœur vers les petites choses et les petites gens35”.

À la page XXVI, l’essayiste français considère que «la formation par le limon, c’est tout ce que peut connaître la science expérimentale, le champ où son pouvoir de découverte est indéfini ; on y peut même étudier la misère de l’animal humain, tout ce qu’il y a en lui de grossier, de fatal et de pourri36». Eça de Queiroz reprend, pour sa part, sous le mode ironique ce point de vue et souligne la vacuité des propos de M. de Vogüé sur la science moderne, comme le prouve d’ailleurs la présence des points de suspension mettant un terme à ce nouvel emprunt non littéral :

“E mais o aclamam ainda, quando ele afiança que esse espírito evangélico reformará os ditames muito duros da ciência, fazendo-lhe verificar, para além da lei da selecção e da concorrência vital, uma outra lei, tão experimental e científica como esta: a lei do amor divino, inato e imanente no amor humano...37

Cette grande malléabilité propre à la référence qui permet au chroniqueur de réécrire devant ses lecteurs le discours antérieur rapproche ce type d’emprunt de la citation érudite, tant il est vrai qu’Eça de Queiroz semble vouloir modeler le texte de M. de Vogüé pour mieux le réfuter par la suite. En effet, cette juxtaposition de reprises non littérales, qui s’apparente à la “métatextualité38”, participe, au même titre que “Positivismo e Idealismo”, à la condamnation du “néoévangélisme de la jeunesse du Quartier Latin”, dès lors que Eça de Queiroz n’hésite pas à la fin de son article à affirmer que M. de Vogüé “est en train de “rouler” son auditoire juvénile à la brasserie du Bock Ideal39” :

“Mas o que me inquieta (e aqui me parece ser logro) é que nesse lugar divino, nessa nova Galileia, onde o Sr. de Vogüé levou a mocidade, não estão somente Jesus e a sua doce lição. Para além, na sombra, por trás do Sr. de Vogüé, parece-me avistar um sacristão! Erra aqui um cheiro eclesiástico de incenso e cera [...] Lugar suspeito, este Bock Ideal! A democracia aqui usa o báculo de ouro da teocracia. A sobrecasaca do Sr. de Vogüé tem uma severidade triste de batina....40

Le ton délibérement véhément utilisé contre M. de Vogüé et la convocation sous forme de référence d’extraits directement empruntés à la préface du Roman Russe participent à cet habile travail de médiation du temps et de l’espace parisiens. En effet, en prenant directement à partie le principal promoteur de cette vague de religiosité littéraire, Eça de Queiroz semble brosser un portrait de la France, à la veille de l’affaire Dreyfus, dans laquelle il pressent, comme le souligne avec justesse Marie-Hélène Piwnick, “la récupération de la montée anti-positiviste par des politiques conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires, du côté desquelles il n’a jamais penché41.”

Dans la chronique “A Sociedade e os Climas42” écrite pendant le rigoureux hiver de 1895, l’intégration-installation sous forme de référence précise de la célèbre “théorie du climat” de Montesquieu lue dans l’Esprit des Lois, semble avoir une fonction polémique semblable aux emprunts analysés dans “Bock Ideal”. Illustrées par les propos empiriques de Fontes Pereira de Melo restitués sous forme de citation entre guillemets, les grandes lignes de cette conception déterministe sont habilement introduites dès l’incipit :

“Há anos, há muitos anos, quando nós todos éramos novos e a política se conservava ainda tão romântica como a literatura, um estadista nosso, Fontes Pereira de Melo, aquele a quem se chamava concisamente e popularmente «o Fontes», dizia num discurso de Estado, comparando Portugal às outras nações da Europa, estas palavras consoladoras: «É certo que a nossa pátria não possui como outras a riqueza comercial, as numerosas vias férreas, as incontáveis fábricas, os estaleiros, a ferramenta industrial, os fortes factores do progresso: mas tem sobre elas uma superioridade, que lhe garante vida mais fácil e mais livre, e é este luminoso e magnífico céu azul que nos cobre!»

Todos nós, então moços e pervertidos pelos livros sonoros de Eugénio Pelletan, o divinizador da máquina, o bardo heróico do progresso, rimos estridentemente deste homem de Estado, lírico, quase idí1ico, que considerava um pedaço de céu azul como uma força civilizadora, antepunha a doçura do ar a todas as magnificências da ciência, celebrava a sua terra pelos mesmos motivos por que a exaltavam os poetas do Almanaque de Lembranças, e decerto quando lhe pedissem ideias de governo, de administração e de fomento, se contentaria em mostrar os raios do Sol meridional, batendo, com providencial radiância, nas folhas dos laranjais. Rimos estridentemente, mas o nosso riso era todo feito de inexperiência e de ignorância.

Fontes, relacionando a sociologia e o clima, fazendo depender da atmosfera as qualidades e, portanto, a felicidade das nações, estava com efeito dentro de uma doutrina muito medíocre, apesar de o século XVIII, tão sôfrego de ciências exactas, se ter deleitado com ela, e de Montesquieu se ter constituído o seu defensor paternal e clássico. Segundo essa teoria, em cada região o solo e a atmosfera influem irresistivelmente sobre todos os produtos da Natureza, a começar pelos homens e a acabar pelos cogumelos. Tudo provém (como demonstra o grande autor do Espírito das Leis) da acção que o ar exerce sobre as fibras exteriores do nosso pobre corpo43.”

L’humeur nostalgique qui transparaît des trois premiers paragraphes de « A sociedade e os climas » que l’on vient de lire cède vite la place à un ton plus enjoué, tant il est vrai qu’Eça de Queiroz semble prendre un plaisir indéniable à dialoguer, par la suite, avec le chapitre II de L’esprit des Lois intitulé “Combien les hommes sont différents dans les divers climats44”. L’analyse contrastive des deux textes en question vient montrer en effet que le collaborateur de la Gazeta de Notícias est fidèle à l’esprit et à la lettre du texte du philosophe français, même si l’introduction de formes comparatives dans la chronique en portugais tend à retirer un peu le caractère théorique propre au texte de Montesquieu :

“l’air froid resserre les extrémités des fibres extérieures de notre corps; cela augmente leur ressort, et favorise le retour du sang des extrémités vers le cœur. Il diminue la longueur de ces mêmes fibres ; il augmente donc encore la force. L’air chaud, au contraire, relâche les extrémités des fibres, et les allonge ; il diminue donc leur force et leur ressort45”.

“O ar frio, como o da Inglaterra ou da Suécia, aperta essas fibras, aumenta a sua elasticidade, dá-lhes, portanto, resistência e vigor. O ar quente, pelo contrário, como o de Nápoles, ou de Portugal, relaxa essas fibras, diminui a sua elasticidade, faz-lhes decrescer a presteza e a força.46

Ce procédé de reprise, pour lequel il est néanmoins impossible de parler de traduction littérale, se prolonge d’ailleurs dans la suite du texte, Eça de Queiroz évoque les influences positives de l’air froid sur l’appareil cardio-vasculaire soulignées par le philosophe français :

“l’action du cœur et la réaction des extrémités des fibres s’y font mieux, les liqueurs sont mieux en équilibre, le sang est plus déterminé vers le cœur, et réciproquement le cœur a plus de puissance47”.

“Quem ganha ou sofre com isto é o coração, que recebe um influxo de sangue mais activo e vivo, quando as fibras têm robustez e elasticidade, e mais lento e mole, quando, sob a influência de um ar cálido, as fibras são lassas, lentas e frouxas. (É ainda Montesquieu que está falando)48”.

Selon Montesquieu, cette action du cœur qui découle donc des conditions climatiques explique la forte opposition de caractères entre peuples du nord et ceux du sud. Eça de Queiroz ne se contente pas de reprendre cette distinction : il transforme le texte antérieur par un subtil procédé d’amplification. Celui-ci consiste à traduire littéralement les adjectifs à connotation positive utilisés par le philosophe pour définir les peuples du nord, de façon à caractériser négativement les peuples du sud par une astucieuse sélection d’adjectifs de sens contraire :

Cette force plus grande doit produire bien des effets : par exemple, plus de confiance en soi-même, c’est-à-dire, plus de courage ; plus de connaissance de sa supériorité, c’est-à-dire, moins de désir de vengeance ; plus d’opinion de sûreté, c’est-à-dire, plus de franchise, moins de soupçons, de politique et de ruses49”.

Daqui resultam os corações fortes dos homens do Norte e os corações fracos dos homens do Sul. Ora, é o coração que faz o carácter. Os homens do Norte terão, pois, por causa desta fortaleza do coração, mais confiança em si, o que importa mais coragem: e terão uma consciência mais clara da sua superioridade, o que lhes dará franqueza, lealdade, generosidade, audácia de empreendimento, tenacidade de conduta, um espírito igual e justiceiro, horror às intrigas, às manhas, às traições, e às vinganças oblíquas. O desgraçado homem dos climas quentes (sempre seguindo o grande autor do Espírito das Leis), esse terá todas as qualidades inversas, para sua eterna humilhação. Para ele, e em virtude das suas fibras moles e relaxadas – a covardia, a volubilidade, a inconstância de propósito, a indolência de corpo e alma, a deslealdade, a desconfiança, o amor da intriga, os gostos traiçoeiros e vingativos50.

Ce procédé d’amplification des caractéristiques négatives des peuples du sud attribuées au philosophe français par la présence de la proposition incise mise entre parenthèses (“sempre seguindo o grande autor do Espírito das Leis51”) se poursuit dans le dernier paragraphe. Eça de Queiroz réécrit l’extrait en question, non sans avoir au préalable impliqué le lecteur brésilien de la Gazeta de Notícias (nettement pris à partie dans ce texte) dans le travail de dévalorisation sous le mode ironique de cette théorie :

«la chaleur du climat peut être si excessive, que le corps y sera absolument sans force. Pour lors, l’abattement passera à l’esprit même ; aucune curiosité, aucune noble entreprise, aucun sentiment généreux ; les inclinations y seront toutes passives ; la paresse y sera le bonheur ; la plupart des châtiments y seront moins difficiles à soutenir, que l’action de l’âme ; et la servitude moins insupportable, que la force de l’esprit qui est nécessaire pour se conduire soi-même52

“Nos países frios (continua Montesquieu) estão os povos sãos e bem constituídos, abundantes em virtudes, com poucos vícios, todos cheios de sinceridade e de clareza, amando só os prazeres que são viris e puros. Nos climas temperados estão as gentes sensíveis, impressionáveis, imaginativas, inconstantes tanto nas virtudes como nos vícios, incapazes dos grandes esforços, loquazes e vãs. Mas quando se penetra nos climas verdadeiramente quentes (e aí está Montesquieu convosco, amigos!) parece que nos achamos a milhares de léguas da própria moral: aí o corpo não tem resistência e o abatimento contamina o espírito: não há nenhuma alta curiosidade, nenhuma nobre empresa, nenhum sentimento generoso: todas as inclinações são passivas ou baixas; a felicidade consiste na preguiça, o egoísmo é o móbil supremo: as más paixões multiplicam os crimes torpes: e, para não fazerem sequer o esforço de se conduzirem e governarem a si próprios, os homens preferem a escravidão53!”

Si, effectivement, sous le couvert des déclarations de Montesquieu, Eça de Queiroz en profite pour froisser au passage la susceptibilité de ses lecteurs brésiliens, la stratégie discursive mise en place par le correspondant de la Gazeta de Notícias vise, avant tout, à porter un jugement négatif sur cette théorie :

“O quadro é medonho. Mas como é falso e estouvadamente improvisado! E como são corredias e fáceis as objecções que se podem pôr aos manes veneráveis de Montesquieu, sobre a sua dilecta doutrina das influências climatéricas54.”

La condamnation sévère que l’on vient de lire et qui clôt la longue série de références précises à la théorie de Montesquieu a pour fonction d’introduire l’expérience personnelle du chroniqueur à Paris. Eça de Queiroz produit en effet dans la suite du texte deux images diamétralement opposées de la ville-lumière. L’une du Paris d’hier qui suit la théorie de Montesquieu, en ce sens que “o que encantava nesses parisienses era a gravidade do seu carácter e a austeridade dos seus costumes55”, l’autre du Paris contemporain de l’auteur qui s’en éloigne définitivement, comme le prouve la question rhétorique qui suit :

“E onde estão elas hoje, essa austeridade e essa pureza? O próprio nome de Paris simboliza tudo quanto não é grave nem puro – e Paris é, segundo todos os escritores que o têm explicado e celebrado, o berço natural dos risos, dos jogos, das graças inconstantes e dos vícios amáveis e finos56.”

Cette conception de Paris permet à Eça de Queiroz d’inverser la doctrine de Montesquieu en associant les peuples du sud au spiritualisme et ceux du nord au matérialisme :

“No Sul o trabalho é todo feito a cantar, como uma devoção: no Norte o trabalho é feito sombriamente, quase amargamente, como uma condenação. Ao fim do labor, largada a enxada ou a ferramenta, o repouso do homem do Sul é ainda gozado entre cantigas e danças, porque do seu dia afadigado só lhe resta satisfação e esperança; o homem do Norte procura o repouso na garrafa de gin ou de álcool, porque do seu dia só quer esquecer a miséria e a aspereza. E porque é esta diferença entre os dois trabalhadores? Porque um trabalha numa Natureza que o afaga – e o outro numa Natureza que [o] atormenta57.”

En introduisant cette nouvelle dichotomie, l’auteur produit dans la dernière partie de ce texte deux images opposées de Paris, l’une au printemps, l’autre en hiver :

“Na Primavera [...] Paris é então verdadeiramente, como a queriam e cantavam os poetas do século XVIII, a cidade dos jogos e dos risos. Mas vem o Inverno, [...] Paris todo parece, findos os jogos e os risos, a pátria natural da desconfiança e da cólera. Que causou esta lamentável transformação? Unicamente o desaparecimento do Sol, o céu sempre cor de chumbo, as névoas glaciais, a lama, a tristeza invernal58.

On le voit à l’issue de cette analyse de “A sociedade e os climas”, les références précises à la théorie du climat de Montesquieu participent à l’élaboration de cette mise en scène du temps et de l’espace parisiens, du seul fait que leur convocation dans le corps du texte fournit au chroniqueur les arguments qui sont à la base de sa démonstration. En choisissant d’exposer l’argument d’autorité que représente la conception déterministe du philosophe français, Eça de Queiroz montre combien celle-ci est irrecevable, ce qui a pour effet de valoriser aux yeux des lecteurs l’expérience vécue avec d’autant plus d’efficacité que celle-ci est ponctuée d’un sentiment véritable de nostalgie de la terre natale, traduit à la fin de la chronique par le vers d’Euripide («Felizes os que se movem, com espírito sereno e livre, num ar luminoso e macio59!»). En revendiquant en creux son statut d’homme du sud, Eça de Queiroz ébauche dans cette chronique une réflexion sur la place de l’homme dans la société matérialiste représentée métaphoriquement par la ville-lumière lors du rude hiver de 1895, réflexion qui trouvera par la suite une réponse sans équivoque lors du voyage allégorique de Jacinto, cet “Ulysse lusitanien60”, dans la deuxième partie de As Cidades e as Serras.

Dans la longue chronique dédiée à Jeanne d’Arc des 2, 3, 4 et 5 septembre 1894, Eça de Queiroz fait référence de façon précise à l’Histoire de France de Jules Michelet. Si un court extrait du chapitre III de l’ouvrage en question motive l’une des citations à fonction érudite lisible dans cette première chronique de la série “Cartas Familiares de Paris” (“nunca via derramar sangue francês, sem que se lhe erguessem os cabelos na cabeça61”), on constate qu’avant d’utiliser l’expression guillemetée en question, Eça de Queiroz reprend au discours indirect libre certains passages du récit de l’historien français, non sans en avoir au préalable clairement identifié la source :

«la belle et brave fille qui devait porter si bien l’épée de la France62» ; «la douceur champenoise63» ; «C’était une bonne fille, simple et douce64» ; «Elle rougissait quand on lui disait qu’elle était trop dévote» ; «une pauvre petite bergerette65».

“Mas a verdadeira reabilitação foi feita realmente por Michelet, em três ou quatro capítulos da História de França, que fixaram a beleza e a grandeza moral de Joana. A figura que Michelet impõe, porém, à nossa adoração não é rigorosamente histórica. Como sempre, aquele vidente da história idealiza e simboliza com excesso e paixão. A Pucelle não era exactamente essa pastorinha doce, toda inocência e bondade, tímida e pensativa, murmurando apenas sublimes palavras de caridade e ternura divina, cheia de horror pela violência e pelo sangue, tão evangelicamente pacífica no meio da guerra que trazia uma bandeira ou um bastão, para que as suas mãos cândidas nem sequer tocassem a espada que fere e mata66.”

Il est facile d’observer que la restitution partielle du récit de l’historien s’accompagne d’une forte prise de distance de la part du chroniqueur qui n’est pas sans rappeler l’ironie féroce de Voltaire dans son célèbre poème La Pucelle, dès lors que Eça de Queiroz cherche, comme le “satirista genial67”, à se moquer de la chasteté de Jeanne d’Arc par l’utilisation du terme de “Pucelle” retranscrit en français et en italique, qui reprend intertextuellement (est-ce un hasard?) le titre de cette composition. En somme, la “Joana d’Arc” d’Eça de Queiroz se rapproche de celle de Voltaire, en ce sens que les deux artistes refusent une vision providentialiste et nationaliste de l’histoire représentée ici par Jules Michelet. Inaugurée dès l’incipit, la dévalorisation de la figure de Jeanne d’Arc se poursuit dans le paragraphe que l’on vient de lire, dans lequel on peut observer une forte similitude avec le texte de l’historien français et qui concerne les champs sémantiques et lexicaux. On pense en particulier au terme “bergerette” équivalent de “pastorinha” et à l’adjectif “doce” associé à “pastorinha”, qui possède une connotation érotique et reprend le substantif “douceur”, ainsi que l’adjectif “douce”. Notons également le qualificatif “tímida” transformé dans le verbe “rougir” à l’imparfait de l’indicatif (“elle rougissait quand on lui disait qu’elle était trop dévote”) qui est repris en portugais par la proposition participiale gérondive “murmurando apenas sublimes palavras de caridade e ternura divina68”. Cette dernière caractéristique, qui traduit, pour Michelet, la dévotion de Jeanne d’Arc et son horreur de la guerre, est d’ailleurs l’objet, de la part d’Eça de Queiroz, d’une glose au discours indirect :

“Elle portait à la main un étendard blanc fleurdelisé, sur lequel était Dieu avec le monde dans ses mains ; à droite et à gauche, deux anges qui tenaient chacun une fleur de lis. «Je ne veux pas, disait-elle, me servir de mon épée pour tuer personne.» Et elle ajoutait que, quoi qu’elle aimât son épée, elle aimait «quarante fois plus» son étendard69”.

“A Pucelle não era exactamente essa pastorinha doce, toda inocência e bondade, tímida e pensativa, murmurando apenas sublimes palavras de caridade e ternura divina, cheia de horror pela violência e pelo sangue, tão evangelicamente pacífica no meio da guerra que trazia uma bandeira ou um bastão, para que as suas mãos cândidas nem sequer tocassem a espada que fere e mata70.”

Il faut par ailleurs noter que, d’un point de vue purement argumentatif, cette retranscription sous forme d’emprunt non guillemeté de la phrase attribuée à Jeanne d’Arc lue dans l’Histoire de France71 constitue une transition car elle permet au chroniqueur, dans la suite du texte, de se détacher de cette “virgem timorata e cândida de Michelet72” et de souligner l’existence de “ testemunhas contemporâneas [que] nos contam uma outra Joana bem diferente, e talvez mais interessante, por ser mais humana73.” Quoi qu’il en soit, les références précises à un chapitre de l’Histoire de France de Jules Michelet dans la chronique que nous venons d’analyser, celles non moins explicites à l’Esprit des Lois de Montesquieu qui marquent en profondeur la démonstration de “A sociedade e os climas”, ou celles encore qui reprennent de façon explicite dans “Bock Ideal” la préface du Roman russe de Melchior de Vogüé, rapprochent cette figure particulière de l’intertextualité de la citation à fonction érudite. Dans ces trois chroniques, la référence précise consiste effectivement pour Eça de Queiroz à présenter sous forme d’extraits choisis les principales thèses défendues par un auteur, et ce, en vue d’en contester la teneur74. Comme nous l’avons observé dans ces trois textes, Eça de Queiroz réfute l’évangélisme de ce “ um moralista eminentemente parisiense75” qu’est Melchior de Vogüé, il s’oppose également à la théorie “improvisée” de Montesquieu sur les climats, et critique la vision idéalisée de la “Jeanne d’Arc” de Jules Michelet. Il apparaît que les fragments de texte convoqués par le chroniqueur placent ces trois chroniques dans une perspective à la fois relationnelle et transformationnelle, en ce sens que le message produit par l’auteur dépend directement de la matière empruntée et que celle-ci subit des transformations formelles évidentes, lui permettant de se fondre plus aisément dans la logique interne du raisonnement défendu par Eça de Queiroz. Mais cette écriture journalistique qui absorbe une partie de la bibliothèque antérieure peut exiger une mise en œuvre plus étendue du savoir du lecteur, dès lors que le chroniqueur choisit de suggérer l’intertexte au moyen de la référence simple.

2. La bibliothèque cachée : de la référence simple à l’allusion

Le relevé exhaustif des modes d’absorption de la bibliothèque antérieure dans cette correspondance outre-Atlantique tend à démontrer que le chroniqueur portugais privilégie la référence simple au détriment de la référence précise. Signalés par des indices textuels vagues, ces intertextes qui traversent la quasi-totalité des chroniques parisiennes mettent fortement à contribution les connaissances et les compétences interprétatives du lecteur de la Gazeta de Notícias. Si l’on s’arrête sur les références simples, il faut tout d’abord souligner que ce mode particulier de suggestion du texte antérieur concerne treize des quarante-six collaborations. On remarque également que la présence de l’intertexte sous le mode de la référence simple est marquée dans la plupart des textes par la mention du nom de l’auteur ; parfois elle est identifiable par un renvoi au titre de l’œuvre. Plus particulièrement, la référence simple renvoie en général à des textes de littérateurs français, en particulier, aux romanciers de prédilection d’Eça de Queiróz76, comme Victor Hugo, Emile Zola, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert et Ernest Renan. Il faut noter également que les noms de Charles Dickens et Lord Byron figurent aussi en bonne place aux côtés d’autres auteurs en langue française comme Alphonse de Lamartine, Eugène Labiche, François Coppée, José de Hérédia, Laurent Tailhade, et les penseurs grecs comme Platon et Plutarque. Il convient, par ailleurs, de souligner que certains de ces emprunts ont une fonction amplificatrice et servent donc à illustrer un argument, c’est-à-dire, à renforcer la thèse de l’auteur en lui donnant une apparence vivante et concrète ; d’autres relèvent de la fonction ornementale et contribuent en particulier à la construction du pôle métaphorique du discours de ces chroniques.

Si l’on analyse dans un premier temps les références simples servant à convaincre le lecteur du bien-fondé de l’argumentation mise en place par le chroniqueur77, il est éclairant de se reporter aux dernières lignes de la chronique du 24 juillet 1880 rédigées à Bristol dans lesquelles Eça de Queiroz semble citer de mémoire l’article élogieux d’Émile Zola sur le grand maître du réalisme français qu’est Flaubert, paru en 1875 dans le mensuel littéraire français Le Messager de l’Europe78 :

“Il est entré dans la littérature, comme autrefois on entrait dans un ordre, pour y goûter toutes ses joies et y mourir. C’est ainsi qu’il s’est cloîtré, mettant dix années à écrire un volume, le vivant pendant toutes les heures du jour, ramenant tout à ce livre, respirant, mangeant et buvant par ce livre. Je ne connais pas un homme qui mérite le mieux le titre d’écrivain ; celui-là a donné son existence entière à l’art. [...] Gustave Flaubert a le travail d’un bénédictin79.”

“Viajou longos anos, foi amado, foi ilustre. Mas, como disse Zola, o melhor das suas alegrias e das suas mágoas, teve-as dentro da sua arte. Era verdadeiramente um monge das letras. Elas permaneceram sempre o seu fim, o seu centro, a sua regra. Vivia nelas como numa cela, alheio aos rumores triviais da vida80.”

Cet hommage appuyé qui clôt cette première correspondance avec la Gazeta de Notícias s’inscrit dans une stratégie argumentative plus ample qui consiste à justifier l’existence même de cette collaboration outre-Atlantique, qui, rappelons-le, porte provisoirement le titre de “Cartas de Paris e Londres”. Le chroniqueur reprend pour cela dès l’ouverture de ce texte une opinion prêtée à Benjamin Disraeli : “no mundo só há de verdadeiramente interessante Paris e Londres, e todo o resto é paisagem81”, qui est par la suite l’objet d’une amplification :

“O que essa humanidade de província faz, diz, sofre ou goza – é-lhe [ao mundo] indiferente. Não é ela que vai ver, se visita os lugares que ela habita: o que lá lhe move a curiosidade apressada, é algum monumento, algum panorama, a paisagem, como diz Lord Beaconsfield. Para o estrangeiro, Portugal é Sintra, a Alemanha é o Reno: até mesmo na ideia de Lord Byron, e de outros depois dele, o que estraga a beleza de Lisboa é a presença do Lisboeta – como a mim o que me estraga a Alemanha é a presença do prussiano82.”

La référence simple à Lord Byron renvoie le lecteur avisé à la stance XVII de Childe Harold’s Pilgrimage dans laquelle le poète anglais s’émerveille devant les beautés de Lisbonne qui contrastent très vivement avec la saleté qui caractérise ses habitants :

“Mais quiconque entre dans cette ville, qui, de loin, brille de mille feux et semble céleste, est condamné à errer parmi de nombreuses choses déplaisantes à l'œil de l'étranger, car taudis et palais rivalisent de crasse : ses tristes habitants vivent dans la fange. Et pas un seul d'entre eux, qu'il soit homme de noble lignée ou de basse extraction, ne se soucie de la propreté de son habit ou de sa chemise; il va débraillé, sale et sans vergogne bien que frappé par l'infamie de la plaie d'Egypte83.”

Délibérément, le chroniqueur n’a pas repris cet intertexte dans l’extrait que nous venons de lire ; il relève néanmoins avec humour le caractère stéréotypé de ce jugement typique d’un étranger, et ce, en produisant à son tour un jugement tout aussi expéditif sur l’Allemagne et ses habitants, ironiquement désignés par le terme “prussiano”. On le voit, par une grande économie de moyens, le chroniqueur introduit la matière principale de cette collaboration qui commence ; elle portera nécessairement sur Paris et Londres car “positivamente a multidão só reconhece uma sociedade : a de Paris e Londres84.”De la même façon, dans la chronique du 26 avril 1892 intitulée “O Imperador Guilherme”, Eça de Queiroz fonde une partie de son argumentation sur une opinion d’Ernest Renan lue dans l’introduction des Feuilles détachées publiées en janvier 189285 pour justifier les craintes que lui inspirent la personnalité de Guillaume II, non sans avoir au préalable commenté ironiquement l’auto-satisfaction affichée qui transparaît des propos adressés par le vieux maître à la jeunesse des écoles :

“Je suis peiné de l’espèce d’agitation que je vois dans le jeunesse, qui, par le privilège de l’âge, devrait être si sereine. On dirait que ces jeunes gens n’ont ni lu l’histoire de la philosophie ni l’Ecclésiaste. «Ce qui a été, c’est ce qui sera...» Mais, chers enfants, c’est inutile de se donner tant de mal à la tête pour n’arriver qu’à changer d’erreur. Amusez-vous, puisque vous avez vingt ans ; travaillez aussi. Si nous ne voyons rien en métaphysique, en revanche, la physique, la chimie, l’astronomie, la géologie, l’histoire sont pleines de révélations. [...] Tout cela me cause une grande satisfaction intérieure [...], mon temps a été si bon pour moi, il m’a pardonné tant de défauts que, cette fois, j’espère, il aura encore pour moi son indulgence accoutumée. [...] Que de choses que vous saurez dans quarante ou cinquante ans, que je ne saurai jamais ! Que de problèmes vous verrez résolus ! Quel sera le développement du germe intérieur de l’empereur Guillaume II ? Qu’adviendra-t-il du conflit des nationalités européennes ? Quel tour prendront les questions sociales? Sortira-t-il quelque chose du mouvement socialiste proprement dit ? Quel sera le sort prochain de la papauté ? Hélas ! je mourrai avant d’avoir rien vu de tout cela si ce n’est que par conjecture, et vous, vous contemplerez ces énigmes comme des faits accomplis !86

Nós hoje também podemos murmurar com impaciência: «Lui, toujours lui!... Ele sempre ele!», – perante esse outro imperador que ainda não venceu a batalha de Marengo, nem a de Austerlitz, e que todavia, em meio de todos os problemas sociais, morais, religiosos, políticos e económicos que nos devoram, tão estranha e ruidosa expansão dá à sua individualidade e tão confinadamente a arremessa através dos nossos destinos, que ele próprio se tornou um Problema Europeu – e ocupa tanto o nosso pensamento como o socialismo a evolução religiosa, ou a crise capitalista! Talvez mais – e mesmo o Sr. Renan, cuja alma, pelo exercício constante do cepticismo, ganhou a impermeabilidade e a doce indiferença de uma cortiça, para quem toda a vaga é embaladora e boa, declara na sua derradeira epístola aos incrédulos que só lhe pesa morrer (e pelas suas confissões bem sabemos quanto a vida lhe corre deliciosa e perfeita!) por não poder assistir ao desenvolvimento final da personalidade do imperador da Alemanha87.”

Dans la “série d’instantanés de la société parisienne88” que représente la longue chronique “Positivismo e Idealismo” des 16, 17 et 18 juillet 1893, Eça de Queiroz n’hésite pas non plus à reprendre sous forme de résumé les conseils qu’Émile Zola prodigue à la jeunesse des écoles dans un article publié dans Le Figaro du vendredi 19 mai 189389. Cette nouvelle reprise non littérale mais suffisamment démarquée vient compléter le portrait dépassionné de cette France fin-de-siècle brossé dans le texte, et dans lequel l’auteur de A Cidade e as Serras fait état de la profonde crise du réalisme-naturalisme et de la montée en puissance de courants esthétiques revendiquant “l’art pour l’art” qu’il ne semble guère apprécier :

“Donc, messieurs, on nous affirme que votre génération rompt avec la nôtre. Vous ne mettriez plus dans la science tout votre espoir, vous auriez reconnu, à tout bâtir sur elle, un tel danger social et moral, que vous vous seriez résolus à vous rejeter dans le passé, pour vous refaire, avec les débris des croyances mortes, une croyance vivante. [...] Je ne nie point cette crise que nous traversons, cette lassitude et cette révolte, à la fin de ce siècle, d’un labeur si enfiévré et si colossal, dont l’ambition a été de vouloir tout connaître et tout dire.” [...] Je vais donc finir en vous proposant, moi aussi, une foi, en vous suppliant d’avoir la foi au travail. Travaillez, jeunes gens ! Je sais tout ce qu’un tel conseil semble avoir de banal. [...] Mais je vous demande d’y réfléchir, et je me permets, moi qui n’ai été qu’un travailleur, de vous dire tout le bienfait que j’ai retiré de la longue besogne dont l’effort a empli ma vie entière. [...] Sans doute, cela ne résoud aucun problème métaphysique, il n’y a là qu’un moyen empirique de vivre la vie d’une façon honnête et à peu près tranquille ; mais n’est-ce donc rien que de se donner une bonne santé morale et physique, et d’échapper au danger du rêve, en résolvant par le travail la question du plus de bonheur possible sur cette terre90 ?

“Zola, esse encolhe os ombros cheio de incerteza, reconhece que o ar contemporâneo está, com efeito, todo toldado de espiritualismo, e que o mais prudente para a geração nova é trabalhar, porque, sob o domínio da ciência ou sob o domínio da fé, o trabalho é o único promotor da felicidade91.”

Pour illustrer son propos, le chroniqueur a recours à une série de références simples qui fonctionnent comme des exemples ponctuels illustrant le discrédit du positivisme et la montée d’élans de mysticisme douteux qui caractérisent le Paris fin-de-siècle. Eça de Queiroz commence par souligner “a ressureição da lenda napoleónica », et semble pour cela reprendre allusivement un article de Melchior de Vogüé dans la Revue des Deux Mondes qui s’intitule “Un portrait de Napoléon92”, dans lequel le critique cite un extrait d’un poème de Théophile Gautier tiré de La Comédie de la mort, non sans avoir évoqué au préalable l’engouement du public pour ces “mémoires exhumés ou travaux actuels [...] qui tournent presque tous autour de Napoléon” :

“Une ombre, dos voûté, front penché, dans la brise/ passa. C'était bien lui, la redingote grise/ et le petit chapeau./ Une aigle d'or planait sur sa tête sacrée,/ cherchant, pour s'y poser, inquiète, effarée, un bâton de drapeau./ Les squelettes tâchaient de rajuster leurs têtes, le spectre du tambour agitait ses baguettes à son pas souverain ;/ une immense clameur volait sur son passage,/ et cent mille canons lui chantaient dans l'orage/ leur fanfare d’airain./ Lui ne paraissait pas entendre ce tumulte, et, comme un dieu de marbre, insensible à son culte,/ marchait silencieux ;/ quelquefois seulement, comme à la dérobée, pour retrouver au ciel son étoile tombée/ il relevait les yeux/93.”

“Assim, em história, estamos assistindo à ressurreição da lenda napoleónica, que todos imaginavam enterrada, e para sempre, no funesto vale de Sedan. Engano! Eis o grande imperador que volta en redingote grise, que circula triunfantemente por Paris, redivivo, aureolado em todos esses livros que cada dia agora se publicam sobre ele, e sobre as suas campanhas, e sobre as suas amantes, e sobre os seus marechais, e sobre os seus fornecedores, e sobre os seus hábitos, e sobre os seus nervos, e sobre tudo quanto miudamente o mostre na sua imperialidade e na sua humanidade94.

Puis, le chroniqueur signale le recul du théâtre naturaliste au profit du drame romantique ressuscité (“Hernani retomou posse dos corações95”), du mélodrame, enfin du drame sacré “em que Cristo, amarrado numa cruz de papelão, sobre um Gólgota de tabique, promete em versos alexandrinos o sumo progresso espiritual, a evolução do homem ao anjo96.” Il constate également qu’en poésie les noms de Coppée et des poètes de la réalité sont oubliés au profit d’Hérédia, des symbolistes, et d’une reviviscence du romantisme. Quant à la littérature fin-de-siècle, Eça de Queiroz souligne que’“de novo se reimprime e se lê com ternura Lamartine”, et que “a lua das Meditações passa outra vez, pálida e meiga, sobre o lago – e o rouxinol e Deus reentraram na estrofe97. En ce qui concerne les arts plastiques, le chroniqueur note que la réaction contre le naturalisme et le «plein air» est totale, le regard sincère et clair de Charles François Daubigny et de Théodore Rousseau cède la place à une “ cada vez mais densa, névoa de misticismo98”, “os mestres admirados e seguidos são Burne-Jones, Moreau, Aman-Jean, que nos conduzem a imaginação para o turvo do país dos mitos99.”

Ce même procédé d’amplification rendu possible par la convocation de références simples apparaît dans la chronique “Os anarquistas” des 26 et 27 février 1894 : la reprise au style indirect de la célèbre boutade du poète Laurent Tailhade sert en effet à illustrer le sentiment profond d’admiration pour la beauté du geste de Vaillant qui semble s’être emparée de nombreux poètes symbolistes “ mais entendidos em harmonia e ritmo100” et envers lesquels Eça de Queiroz, comme on vient de le voir, ne semble pas avoir beaucoup de sympathie :

“Qu’importent les victimes, si le geste est beau? Qu’importe la mort de vagues humanités, si par elle s’affirme l’humanité ?”

“E nada caracteriza mais estes estados de espírito, onde alguma sinceridade se mistura a muita afectação, do que a frase já histórica do poeta Tailhade. Ao saber, em uma cervejaria literária, que Vaillant acabava de atirar a sua bomba na Câmara dos Deputados, este simbolista exclama lânguidamente e quase em êxtase:

– Já vai pois desabando o velho mundo!...
O gesto de Vaillant é belo!101

Enfin dans la chronique du 1er juin 1893102, Eça de Queiroz reprend les grandes lignes d’une information lue dans le Figaro du 25 mai 1893 qui fait référence à la publication posthume par Paul Meurice et Auguste Vacquerie d’un nouveau volume de poésies de Victor Hugo réunissant des vers écrits entre 1852 et 1854 :

“A la fin de ce mois paraîtra un nouveau volume de Victor Hugo, le huitième de la série posthume qui se poursuit annuellement. [...] Heureusement, pour confier sans peur le soin grave d’une telle publication, il [Hugo] possédait d’admirables amis, tel que M. Meurice, tel que M. Vacquerie. [Cette publication] se continuera demain par un nouveau livre de vers auquel il a négligé de donner lui-même un titre. Comme ces poèmes sont très divers de tons, d’attitudes, de latitudes pourrait-on dire, et de dates, allant de 1852 à 1854, les exécuteurs testamentaires ont repris un titre antérieur : Toute la lyre, donné par lui à un autre ouvrage posthume qui y ressemble. Ils ajouteront seulement : Deuxième série, s’évitant ainsi de se donner eux-mêmes un titre, ce dont leur respect s’effrayait103.”

“Segundo uma informação particular do Figaro, vamos ter no próximo mês a publicação de um novo volume de poesias, que Paul Meurice e Auguste Vacquerie respigaram no que ainda resta do enorme espólio de Victor Hugo. Nesse volume de versos, que datam pela maior parte de 1852 a 1854, quando o poeta no exílio resplandecia no apogeu da sua glória, reviverá mais uma vez o incomparável mestre desaparecido104.”

L’utilisation ironique du verbe “respigar” au plus-que-parfait de l’indicatif laisse entendre qu’Eça de Queiroz reviendra en détail sur le sujet en question dès la sortie de cette nouvelle publication de Toute la lyre. C’est d’ailleurs dans une partie de la chronique “Ecos de Paris” du 14 juillet 1893 qu’Eça de Queiroz livrera ses impressions de façon allusive sur cet événement littéraire qui fait l’objet de nombreux développements dans la presse française. Mais ces références simples qui ponctuent l’argumentation du collaborateur de la Gazeta de Notícias ne se limitent pas à leur fonction amplificatrice. Eça de Queiroz reprend également sous forme de références simples un bon nombre de formulations héritées d’auteurs célèbres qui mettent fortement à contribution la culture littéraire des lecteurs de la Gazeta de Notícias. Sorties de leur contexte d’origine, ces expressions “clés en main” – qui ne sont pas sans rappeler certaines citations à fonction ornementale – sont à l’origine de la construction métaphorique de l’argumentation mise en place dans cette correspondance outre-Atlantique. À ce titre, on notera dans “Ecos de Paris105” des 10 et 11 septembre 1893 la reprise en italique du terme de “requin” utilisé dans de nombreuses œuvres de Balzac106 désignant métaphoriquement sous la plume d’Eça de Queiroz (“tubarão/ões”) les deux journalistes qui, en mettant au grand jour la vie intime de Charles Buloz, directeur de l’“illustre et célèbre” Revue des Deux Mondes, peuvent être tenus comme responsables de la démission de ce dernier :

“Depois, mais informado, lamentei sinceramente o excelente Buloz e a excelente Revista. Porque não havia aqui realmente um romance desses que o próprio Buloz condenava sombriamente como «infectos» – mas um roubo, um longo e abjecto roubo, organizado contra Buloz, e portanto contra a Revista de que ele é a encarnação viva, por dois desses horríveis personagens a que Balzac chamava impropriamente os tubarões de Paris. Tubarões, sim, no sentido de nadarem ansiosamente no oceano parisiense à cata da presa. Mas isso mesmo fazem todos os peixes no mar e em Paris. Os tubarões, porém, e é essa a sua feição característica, engolem indiferentemente e com igual apetite uma velha garrafa vazia, ou uma gorda e suculenta pescada; e estes tubarões de Paris, de que fala Balzac, escolhem com cuidado a presa, e só arremetem contra ela, quando ela é tão suculenta e gorda como Buloz107.

On constate également que la célèbre image de W. Shakespeare dans Macbeth “the milk of human kidness” (le lait de la tendresse humaine) qu’Eça de Queiroz prête de façon erronée à Charles Dickens figure dans la chronique des 26, 27 et 28 avril 1894 dans laquelle l’auteur présente Fernand Brunetière à la fois comme le “[…] grande mandarim das letras francesas108” et “[…] o director, se não espiritual, ao menos intelectual, das damas letradas do Faubourg St. Germain.109” Le chroniqueur ne cache pas en effet son antipathie pour le dogmatisme et l’intolérance du nouveau directeur de la “venerável” Revue des Deux Mondes au moment où ce dernier vient d’être élu membre de l’Académie française :

“Além disso, segundo ouço, o Sr. Brunetière é um ríspido, um inflexível, todo ele dogmatismo e intolerância, sem uma gota, para o amolecer e lubrificar, daquele leite da humana bondade de que fala outro inglês, o muito adorável Dickens110.”

Dans la deuxième partie de la chronique “Ecos de Paris” des 27 et 28 septembre 1893, Eça de Queiroz, qui veut souligner l’existence de la brouille diplomatique entre la France et sa “sœur latine” à la suite des massacres d’Aigues-Mortes111, reprend sous le mode de la référence simple l’une des plus célèbres pièces d’Eugène Labiche, Le voyage de M. Perrichon, dans laquelle le lecteur avisé reconnaîtra aisément la phrase en forme de maxime qui sous-tend l’astucieux stratagème monté par Daniel pour obliger Perrichon à lui concéder la main de sa fille :

“les hommes ne s’attachent point à nous en raison des services que nous leur rendons, mais en raison de ceux qu’ils nous rendent112.”

“Com efeito a França pretende que a Itália esteja para ela num perpétuo e enternecido estado de gratidão. E esta exigência da França tem o condão de enervar a Itália – de a enervar até ao desespero. É um facto psicológico bem conhecido (e Labiche superiormente o pintou numa das suas comédias geniais) que o libertado sente sempre um secreto tédio pelo libertador113.

Eça de Queiroz met encore à contribution la culture livresque des lecteurs de la Gazeta dans la chronique “Ecos de Paris” des 13 et 14 janvier 1894 en introduisant un rapport d’inclusion entre le titre de l’œuvre de Plutarque La Vie des hommes illustres et l’acte jugé héroïque du jeune politicien Louis Barthou qui s’illustra par son refus d’occuper le poste de secrétaire d’État aux colonies :

“Houve em França subitamente uma queda, ou antes um desconjuntamento de ministério. Os ministros, que eram uns de substância radical e outros de substância conservadora, estavam mal grudados. O calor das primeiras discussões, na Câmara nova, descolou estes pedaços heterogéneos de poder executivo. Imediatamente porém se manufacturou outro Governo. E a única feição desta crise, digna de ficar nas crónicas, foi o ter aparecido de repente, e por motivo dela, um homem de Plutarco114.”

Dans “Ecos de Paris115” des 10, 11 et 13 août 1894, Eça de Queiroz établit un parallélisme entre l’anxiété de la foule réunie devant la porte de la chambre qu’occupe le président Carnot – qui vient de tomber sous le couteau anarchiste de Caserio – et la scène III de l’acte I de Ruy Blas de Victor Hugo, dans laquelle le laquais de Salluste informe don César qu’à la nuit tombée son maître se réunit avec d’étranges personnages derrière une porte fermée pour conspirer contre le roi :

“Par la porte secrète dont il a seul la clef, quelquefois, à la nuit, le marquis vient, suivi d'hommes qu'il introduit. Ces hommes sont masqués et parlent à voix basse. Ils s'enferment, et nul ne sait ce qui se passe116.”

“Mas, através das portas escancaradas da prefeitura, penetrara uma imensa turba, que atulhava os corredores, invadia o quarto, estorvava os serviços dos cirurgiões. Foi necessário que acudisse polícia e tropa para rechaçar, através do palácio, aquela multidão, tomada de uma curiosidade furiosa, e onde autoridades, magistrados, ministros se debatiam, berravam, repelidos no longo rolo. Um magote mais tenaz em que havia senhoras, permaneceu fincado diante da porta do quarto lamentável. Não há nada, já notou Victor Hugo, que mais aguce a curiosidade do que um muro, uma porta fechada, por trás da qual se está passando alguma coisa de irreparável117.”

Dans “Casimir-Perier118” des 27 et 28 février 1895, le procédé d’exagération qui consiste à reprendre au discours indirect libre le célèbre vers de Malherbe tirée de la Consolation à Dupérier sur la mort de sa fille (“et rose elle a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin119”/“durou ainda menos que a rosa de Malherbe”) permet au chroniqueur d’expliquer les raisons qui peuvent être l’origine de l’impopularité du président démissionnaire :

“Casimir-Perier podia legitimamente pensar que seria um presidente popular. Foi uma ilusão que durou ainda menos que a rosa de Malherbe. Na primeira manhã que ele saiu no landau de Estado, com a sua escolta de couraceiros, avistou em torno de si uma França muda e glacial. Nem um sorriso afável que o acolhesse, nem um viva alegre que o animasse120.”

On le voit par cette analyse, les références simples qui ponctuent cette correspondance brésilienne apparaissent comme un élément essentiel des procédés esthétiques et argumentatifs mis en place par le chroniqueur. Relevant à la fois de l’elocutio et de l’inventio, ces chroniqueurs présentent un intertexte dilué qui contraint le récepteur du message à interpréter les procédés analogiques d’amplification dans le rapport que ces derniers entretiennent avec la bibliothèque antérieure de l’auteur. Mais ce temps et cet espace parisiens qui se déroulent au fil de cette correspondance, sous le regard averti du “lecteur modèle”, impliquent également que ce dernier soit capable d’identifier et interpréter le travail de dissimulation des intertextes - par le biais de l’allusion auquel le chroniqueur portugais semble s’adonner lors de l’élaboration de cette correspondance.

Si l’on se concentre à présent sur la figure de l’allusion, il est tout d’abord utile de rappeler que cette forme particulière d’emprunts intervient dans la construction de quinze des quarante-six chroniques constituant ce corpus de textes mettant en scène le temps et l’espace parisiens. Elle constitue une partie importante du matériel intertextuel convoqué par le chroniqueur à côté de la citation canonique dans le texte “A Europa em resumo” du 18 janvier 1892121. En effet, dans ce texte qui lance le premier numéro du supplément littéraire et artistique de l’histoire de la presse brésilienne, Eça de Queiroz souligne de façon allusive le caractère éclectique qu’il se propose de donner à ce nouveau Suplemento, non sans avoir affirmé au préalable de façon péremptoire que de “todos os homens, só o europeu verdadeiramente possui fantasia122”. Les allusions aux cafés-concerts parisiens de la rue Taitbout, –– l’Eldorado et la Scala –, où l’on pouvait écouter les chansons de Thérésa, du gambilleur Paulus ou encore du tourlourou Polin, celle à peine voilée à la philosophie de Kant qui composa l’intégralité de son œuvre à Königsberg, le rêve de Samuel Coleridge qui est à l’origine du poème “Kubla Khan”, ainsi que l’allusion à la vie simple et rustique de Tolstoï relatée par Melchior de Vogüé dans Le Roman Russe, mettent largement à contribution la compétence du lecteur, car elles l’obligent à actualiser les différents niveaux du texte pour avoir une chance de saisir le projet thématique proposé par l’auteur :

“Fantasia, que, como eu aqui a entendo, vai na obra, desde o couplet rimado na Rua Taitbout até ao sistema de filosofia concebido em Königsberg; e vai na vida, desde esse inglês, que, para não ver os seus semelhantes, construiu um palácio debaixo da terra, até Tolstoï, artista e príncipe, que, por espírito de comunismo evangélico, guarda os porcos dos seus aldeões e mendiga pelos caminhos123.”

À la fin de “Bock Ideal124”, l’allusion au vers de Virgile cité par Melchior de Vogüé dans la Revue des Deux Mondes (“Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier125”) prolonge le discours dépréciatif à l’égard du fondateur du mouvement néo-chrétien mis en place par Eça de Queiroz dans cette chronique, et pour lequel, la référence précise à l’introduction du Roman russe joue un rôle fondamental :

“Para além, na sombra, por trás do Sr. De Vogüé, parece-me avistar um sacristão! Erra aqui um cheiro eclesiástico de incenso e cera – e há pouco, quando o Sr. De Vogüé citou Virgílio, o doce verso ressoou, neste ar abafado de capela, com a melancolia de um Ite, missa est...126

Dans d’autres textes, l’allusion jouit d’une totale autonomie par rapport aux autres figures de l’emprunt. C’est le cas notamment du texte “Positivismo e Idealismo127” des 16, 17 et 19 juillet 1893 dans lequel le collaborateur de la Gazeta de Notícias – qui constate que le public boude le roman expérimental – souligne que “a simpatia, o favor, vão todos para o romance de imaginação, de psicologia sentimental ou humorista, de ressureição arqueológica (e pré-histórica) e até de capa e espada [...] como nos robustos tempos de D’Artagnan128. Il est probable qu’Eça de Queiroz reprenne ici sous forme d’allusion l’attaque visant directement Georges Ohnet et Paul Bourget dans l’article “O Francesismo”, auteurs à la mode qui incarnent selon lui cette littérature néo-romantique mettant à l’honneur la banalité et la mièvrerie :

“Na banalidade, com mais ou menos distinção (porque tal é o requinte moderno que mesmo na banalidade há distinção), temos duas ou três individualidades que dão o tom por que as outras atrás afinam. É o Sr. Ohnet, o medíocre Sr. Ohnet, que ganha centenares de mil francos, fabricando, com pena fácil, para uso duma larga democracia igualitária que tem um fundo de educação aristocrática, quadros burgueses, em que os donos de forjas, empreiteiros, proprietários de armazéns de trabalho, toda uma classe industrial, aparecem com sentimentos de cavalheirismo, orgulho, heroísmo, romantismo, que essa pequena burguesia estava habituada a admirar secretamente na classe aristocrática, na gente de privilégio e de espada, nos grands seigneurs ! É depois o Sr. Bourget, un parisiense com um ligeiro toque de inglesismo, como pede a moda, que leva para o Faubourg St. Germain, num fiacre, os seus métodos de psicologia, duma psicologia que cheira bem, que cheira a opóponax, e tomando uns ares infinitamente profundos, remexe os corações e as sedas das senhoras, para nos revelar segredos que todo o mundo sabe num estilo que todos têm129.

Le texte "Ecos de Paris” des 10 et 11 septembre 1893130 sur l’affaire Buloz est également construit à partir d’une allusion voilée à la note qui accompagne la première publication en juin 1855 des Fleurs du Mal dans la Revue des Deux Mondes131. Réalisée lors de sa période de formation à Coimbra, cette lecture motive une nouvelle attaque à cette revue, qui est pour lui le bastion du conservatisme littéraire français, comme d’ailleurs le prouve la teneur de la note en question :

“En publiant les vers que l’on va lire, nous croyons montrer une fois de plus combien l’esprit qui nous anime est favorable aux essais, aux tentatives dans les sens les plus divers. Ce qui nous paraît mériter l’intérêt, c’est l’expression vive et curieuse même dans sa violence de quelques défaillances, de quelques douleurs morales que, sans les partager ni les discuter, on doit tenir à connaître comme un des signes de notre temps. Il nous semble d’ailleurs qu’il est des cas où la publicité n’est pas seulement un encouragement, où elle peut avoir l’influence d’un conseil utile, et appeler le vrai talent à se dégager, à se fortifier, en élargissant ses voies, en étendant son horizon.”

“É verdade que os versos de Baudelaire, tirados das Flores do Mal, apresentou-os ao público, por assim dizer, na ponta de tenazes, e com imensas precauções sanitárias. Havia por baixo dos versos uma nota da direcção, toda enojada, em que ela repelia qualquer solidariedade com semelhante infecção, e jurava que só a exibia como uma lição moral, para mostrar a que excessos e a que desordens pode rolar a literatura, quando sacode audazmente a salutar disciplina e as boas regras de Boileau. Mas, enfim, publicava Baudelaire (mesmo alguns dos versos mais temerários) – e esta concessão [...] adoçou um pouco as nossas relações intelectuais com a Revista. Modificámos mesmo a definição irrespeitosa. Era então uma «publicação cor de salmão, que tinha já dois leitores no Inferno132»!”

Dans “Ecos de Paris” des 27 et 28 septembre 1893133, Eça de Queiroz conclut son analyse des résultats du premier tour des élections législatives du dimanche 20 août 1893 en empruntant à la Genèse de l’Ancien Testament la célèbre “Et Dieu eut achevé le septième jour son œuvre qu'il avait faite, et il se reposa le septième jour de toute son œuvre qu'il avait faite” :

“O sufrágio universal passou a eleger com cuidado e amor uma Câmara bem mediana, bem ordeira, bem prática, bem positiva, toda experiente em cifras, superiormente conhecedora dos interesses regionais, capaz de trabalhar quatorze horas nas comissões, e feita à imagem e para o útil serviço desta França nova que é simultaneamente um banco, um armazém e uma fazenda. Depois o sufrágio universal descansou – e viu que a sua obra era boa134.”

Ce même procédé allusif est signalé dans la chronique consacrée à la représentation d’Antigone au Théâtre Français des 13, 14 janvier 1894 par la présence d’un court énoncé entre guillemets qui renvoie le lecteur lusophile au vers 8 de l’octave 79 du Chant VII des Lusiades (“Assim os dois trágicos [il s’agit de Sophocle et d’Eschyle] concorreram pela «pena e pela espada» a assegurar o predomínio da civilização helénica, e da civilização ocidental135”). Eça de Queiroz, sans l’admettre explicitement, établit également un lien entre Le Contrat social de Rousseau et “os Anarquistas” des 26, 27, 28 février 1894, en déclarant que “o homem nasceu livre como nasceu bom, e próprio para ser feliz: e todavia por toda a parte está escravizado, e pena sob essa escravidão136”. Cette phrase renvoie effectivement aux affirmations du philosophe genevois, en ce sens qu’elle reprend indirectement la célèbre analyse des conséquences du passage de l’état nature à l’état social (“ils vécurent libres, sains, bons et heureux/mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’autre [...] on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons137”) au centre de l’idéologie anarchiste qui contre les socialistes défend que “ o mal, o verdadeiro mal que é necessário extirpar é a própria ideia de direito, de lei, de Estado, de autoridade!138

On le voit à l’issue de ce bref parcours dans la fabrique de journalisme d’Eça de Queiroz, le texte queirozien dialogue de façon implicite avec la bibliothèque antérieure. La brève enquête que l’on vient de lire souligne l’hétérogénéité du matériau intertextuel tout en mettant l’accent sur le véritable travail de « bricolage » effectué par le correspondant portugais à Paris de la Gazeta de Notícias par le biais de la référence simple et de l’allusion. Or l’analyse des opérations de recyclage de matériaux, de collage et de combinatoire qui semblent caractériser cette écriture journalistique palimpseste ouvre de nouveaux champs de réflexion concernant l’œuvre non fictionnelle d’Eça de Queiroz. En suivant la proposition de Tiphaine Samoyault, il serait dès lors intéressant de mener à bien une étude systématique des innombrables intertextes cachés issus de la presse française que nous avons identifiés139. Cette future analyse des relations intertextuelles inavouées qui lient les écrits d’Eça de Queiroz aux différentes sources journalistiques cachées permettrait de prolonger cette réflexion à propos de la bibliothèque antérieure de celui qui admettait, non sans malice, être “à [sa] façon, et d’une façon bien imparfaite, une sorte de journaliste140.” Au centre de la stratégie discursive et rhétorique pour laquelle l’implicitation141 semble jouer un rôle majeur, les lectures régulières issus des quotidiens Le Figaro et Le Temps semblent, en effet, constituer dans cette longue correspondance avec la Gazeta de Notícias un important point de départ pour l’élaboration d’une réflexion lucide et désabusée sur l’actualité événementielle de la IIIe République et dans laquelle transparaît surtout un profond désenchantement vis-à-vis du temps et de l’espace parisiens habilement mis en scène par le travail de médiation du chroniqueur portugais. C’est donc l’étude de la «journalophagie» d’Eça de Queiroz pour laquelle la dénégation et la subversion jouent un rôle fondamental qu’il faut maintenant construire pour avoir une idée plus juste et plus précise de l’atelier d’écriture du chroniqueur parisien de la Gazeta de Notícias de Rio de Janeiro.

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Notes

1 L’intertextualité – Mémoire de la littérature, Nathan Université, Paris, 2001, 127 p. ; L’intertextualité, GF Flammarion, Paris, 2002, 254 p. ; L’écriture imitative pastiche, parodie, collage, Nathan, Paris, 1996, 185 p. ; “Une typologie de l’emprunt”, Poétique 80, novembre 1989, p. 489-497. Retour au texte

2 Les extraits que nous citons dans la suite de cet article sont retirés de l’édition critique d’Elza Miné et Neuma Cavalcante (Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), Imprensa Nacional-Casa da Moeda, Lisbonne, 2002, 685 p.). Retour au texte

3 M. Gruas, La fabrique de journalisme d’Eça de Queiroz : procédés d’écriture des chroniques parisiennes de la Gazeta de Notícias de Rio de Janeiro, Thèse de docorat nouveau régime, Univ. Toulouse Le Mirail, 2000, 721 p. ;« Eça de Queiroz, chroniqueur-traducteur-citateur dans la Gazeta de Notícias», Traduction et lusophonie – Trans-actions ? Trans-missions ? Trans-positions, Presses Universitaires de la Méditerranée, Montpellier, 2006, p. 307-377. ; «Lecture et réécriture dans la “fabrique de journalisme d’Eça de Queiroz: l’exemple d’un “Echo de Paris», Quadrant, n º 17, Montpellier, 2000, p. 107-132. Retour au texte

4 Cf. A. Campos Matos, Suplemento ao Dicionário de Eça de Queiroz, “Influências”, Lisbonne, Caminho, 2000, p.525-527 et “Fontes de inspiração”, Eça de Queiroz Uma biografia, Edições Afrontamento, Porto, 2009, pp. 396-405. ; M. Filomena Mónica, Eça de Queirós, Lisbonne, Quetzal Editores, 2001, 394 p. et Eça de Queirós jornalista, Principia, Cascais, 2003, 442 p. Retour au texte

5 Cette formule est empruntée à Michel Schneider dans Voleurs de mots, Paris, Gallimard, 1985, p. 45. Retour au texte

6 Cf. M. Gruas, «Le travail de la citation littéraire dans les chroniques de Paris d’Eça de Queiroz», Quadrant, n º 27, Perméabilités dans les littératures et les arts des pays lusophones, Centre de Recherche LLACS, Université Paul-Valéry – Montpellier III, 2010, pp. 99-126. Retour au texte

7 L’intertextualité – Mémoire de la littérature, op. cit., p. 116. Retour au texte

8 L’intertextualité – Mémoire de la littérature, p. 44. Retour au texte

9 Ibid., p. 44. Retour au texte

10 Les extraits des chroniques que nous citons dans la suite de cet article sont tirés de l’édition critique d’Elza Miné et Neuma Cavalcante (Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias)), Imprensa Nacional-Casa da Moeda, Lisbonne, 2002, 685 p.) Retour au texte

11 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), pp. 401-407. Retour au texte

12 Ibid., pp. 489-498. Retour au texte

13 Ibid., pp. 499-515. Retour au texte

14 Ibid., pp. 559-566. Retour au texte

15 Ibid., p. 402. Retour au texte

16 Melchior de Vogué, Le Roman russe, Paris, Librairie Plon, 1892, 351 p. Retour au texte

17 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 403. Retour au texte

18 Ibid., pp. 402-403. Retour au texte

19 Le Roman russe, Introduction, op. cit., p. XV. Retour au texte

20 Ibid., p. XIV. Retour au texte

21 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 403. Retour au texte

22 Le Roman russe, Introduction, op. cit., p. XVII. Retour au texte

23 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 403. Retour au texte

24 Le Roman russe, Introduction, op. cit., p. XVI. Retour au texte

25 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 403. Retour au texte

26 Le Roman russe, Introduction, op. cit., p. XX. Retour au texte

27 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 403. Retour au texte

28 Ibid. Retour au texte

29 Le Roman russe, Introduction, op. cit., p. XVI. Retour au texte

30 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., pp. 403-404. Retour au texte

31 Le Roman russe, Introduction, op. cit., p. XVI. Retour au texte

32 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 404. Retour au texte

33 Le Roman russe, Introduction, op. cit., p. XX. Retour au texte

34 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 405. Retour au texte

35 Le Roman russe, Introduction, op. cit., p. XXIII. Retour au texte

36 Ibid., p. XXVI. Retour au texte

37 Ibid. Retour au texte

38 Rappelons que le terme a été forgé par G. Genette dans Palimpsestes (op. cit., p. 11), c’est “la relation qui unit un texte à un autre texte dont il parle, sans nécessairement le citer (le convoquer), voire à la limite, sans le nommer.” Retour au texte

39 Nous reprenons la formulation de Marie-Hélène Piwnik dans “Eça de Queiroz au seuil du XXe siècle” (Penjon, J., Boisvert, G. & Quint, A.-M,.Vents du Large: hommage à Georges Boisvert, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2002, p. 354). Retour au texte

40 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 407. Retour au texte

41 “Eça de Queiroz au seuil du XXe siècle”, op. cit., p. 354. Retour au texte

42 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., pp. 559-566. Retour au texte

43 Ibid, p. 559-560. Retour au texte

44 L’esprit des lois, Paris, GF Flammarion, 1979, p. 373. Retour au texte

45 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), Retour au texte

46 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit. p. 560. Retour au texte

47 L’esprit des lois, op.cit., p. 374. Retour au texte

48 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 560 Retour au texte

49 L’esprit des lois, op.cit., p. 373. Retour au texte

50 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), p. 560. Retour au texte

51 Ibid., p. 560. Retour au texte

52 L’esprit des lois, op. cit., p. 376. Retour au texte

53 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., pp. 560-561. Retour au texte

54 Ibid., p. 561. Retour au texte

55 Ibid. Retour au texte

56 Ibid., pp. 561-562. Retour au texte

57 Ibid., pp. 563-564. Retour au texte

58 Ibid., p. 564-565. Retour au texte

59 Ibid., p. 566. Retour au texte

60 João Medina, Eça político, Seara Nova, Lisbonne, 1974, p. 156. Retour au texte

61 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 504. Retour au texte

62 Jules Michelet, Histoire de France – Le Moyen-Âge, Paris, Robert Laffont, 1981, p. 741. Retour au texte

63 Ibid., p. 741. Retour au texte

64 Ibid., p. 742. Retour au texte

65 Ibid., p. 747. Retour au texte

66 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 503. Retour au texte

67 Dans «Joana d’Arc» (op. cit., p. 502), Eça de Queiroz qualifie ainsi le philosophe français. Retour au texte

68 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 507. Retour au texte

69 Histoire de France – Le Moyen-Âge, op. cit., p. 749. Retour au texte

70 C’est nous qui soulignons. Retour au texte

71 Il s’agit de la phrase soulignée précédemment. Retour au texte

72 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 504 Retour au texte

73 Ibid., p. 503. Retour au texte

74 S. Morawski, “The Basic Functions of Quotation”, Sign, Language, Culture, Janua Linguarum, Serie I, La Haye-Paris, Mouton, 1970, p. 690-705. Retour au texte

75 Dans “Bock Ideal” (Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 402), Eça de Queiroz considère en effet que De Vogüé est “moralista eminentemente parisiense, tem tanta clientela na Revue des Deux Mondes como nesse considerável Chat Noir, que tão habilmente mistura no seu programa de literatura e de arte o misticismo e o canalhismo.” Retour au texte

76 Cf. A. Campos Matos, “Influências”, Dicionário de Eça de Queiroz, Op. cit., p. 525-527 et “Raízes Culturais e Literárias”, Marcos biográficos e literários – 1845-1900, Instituto Camões, Lisboa, 2000, p. 69. Retour au texte

77 Nous reprenons ici la définition de la fonction d’amplification proposée par Stephan Morawski (op. cit., p. 692). Retour au texte

78 Novembre 1875, p. 3. Retour au texte

79 L’intégralité de l’article est consultable sur le site consacré à Flaubert. Consultable sur : http://flaubert.univ-rouen.fr/etudes/mb_zol.php. Retour au texte

80 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias)., op. cit., p. 64. Retour au texte

81 Ibid., p. 55. Retour au texte

82 Ibid., p. 57. Retour au texte

83 Lord Byron affirme effectivement dans Childe Harold’s Pilgrimage (J. Dicks, The Poetical Works of ord Byron, Londres, Gilbert. F, s.d, p. 59) : “But whoso entereth within this town, /That, sheening far, celestial seems to be, / Disconsolate will wander up and down, / Mid many things unsightly to stange ee; / For hut and palace show like filthily :/ The dingy denizens are rear'd in dirt; / No personage of high or mean degree / Doth care for cleanness of surtout or shirt, / Though shent with Egypt's plague, unkempt, unwash'd; unhurt.” Consultable sur : http://www.gutenberg.org/dirs/etext04/chpl10h.htm Retour au texte

84 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 57. Retour au texte

85 Ernest Renan, Feuilles détachées, Calmann-Lévy, Paris, p. 1-34. Retour au texte

86 Feuilles détachées, op. cit., p. 10-11. Retour au texte

87 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 249. Retour au texte

88 Nous empruntons cette formulation à Marie-Hélène Piwnik dans “Eça de Queiroz au seuil du XXe siècle”, op. cit., p. 346. Retour au texte

89 Emile Zola, «A la Jeunesse», Le Figaro, vendredi 19 mai 1893, n º 139, p. 1. Retour au texte

90 Ibid. Retour au texte

91 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 355-356. Retour au texte

92 Melchior de Vogué, Revue des Deux Mondes, « Un portrait de Napoléon », Livraison du 1er mai 1893, p. 443-458, in http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87167v/f444.tableDesMatieres Retour au texte

93 Ibid, p. Retour au texte

94 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias)Op. cit., p. 349. Retour au texte

95 Ibid., op. cit., p. 350. Retour au texte

96 Ibid. Retour au texte

97 Ibid. Retour au texte

98 Ibid., p. 351. Retour au texte

99 Ibid. Retour au texte

100 Ibid., p. 447. Retour au texte

101 Ibid. Retour au texte

102 Cette chronique publiée à la première page du numéro 151 de la Gazeta de Notícias à la rubrique “Ecos de Paris” ne porte pas la signature de l’auteur. Elle a été reproduite pour la première fois par Jaime Cortesão dans la revue portugaise Seara Nova le 13 septembre 1947 (Vol. XXVI, n º 1050, p. 30), elle n’a malheureusement pas été reproduite dans l’édition critique de Elza Miné et Neuma Calvacante. Retour au texte

103 Le Figaro, vendredi 25 mai 1893, n º 146, p. 1 Retour au texte

104 Cette chronique publiée à la première page du numéro 151 de la Gazeta de Notícias du jeudi 1er juin 1893 à la rubrique “Ecos de Paris” ne porte pas la signature de l’auteur. Elle a été reproduite, à juste titre, pour la première fois en 1949 par Jaime Cortesão dans Eça de Queiroz e a questão social (Vol XIX, Lisbonne, Livraria Portugália Editora, p. 231-234.) Notons que ce texte ne figure pas dans dans l’édition critique de Elza Miné et Neuma Cavacante (Textos de Imprensa IV da Gazeta de Notícias, Imprensa Nacional-Casa da Moeda, Lisbonne, 2002, 685 p.). Retour au texte

105 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., pp. 377-383. Retour au texte

106 L’occurrence du mot «requin» pris au sens de «personne cupide et impitoyable en affaires» est bien réelle dans l’œuvre de Balzac. C’est le substantif qui qualifie le rentier dans Le Cousin Pons (La Comédie Humaine, Etudes de Mœurs : Scènes de la vie parisienne, VII, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, 1936, p. 486) : «il montrait en souriant des dents blanches dignes d’un requin» ; les banquiers dans La Cousine Bette (Ibid., p. 179) : «cette véreuse affaire se fit par l’entremise d’un petit usurier nommé Vauvinet, un de ces faiseurs qui se tiennent en avant des grosses maisons de banque, comme ce petit poisson qui semble être le valet du requin.» ; le ministre dans Les Employés (Ibid., p. 1063) : «Si jamais image de hiéroglyphique exprima quelque animal, assurérement c’est ce nom où l’initiale et la finale figurent une vorace gueule de requin, insatiable, toujours ouverte, accrochant et dévorant tout, le fort et le faible»; le libraire Barbet, le voisin du papetier Métivier, dans Les petits bourgeois (La Comédie Humaine, Etudes de Mœurs : Scènes de la vie parisienne, Paris, Editions Gallimard, 1977, VIII, p. 24) : «le requin de la librairie et le brochet de la librairie vivaient en très bonne intelligence» ; le père Renard dans Médecin de campagne (La Comédie humaine, Etudes de Mœurs : Scènes de la vie de campagne, IX, Paris, Gallimard, 1978, p. 582) : «Le père Renard, vieux requin sans dents, ne voulut pas de sa bru.» Retour au texte

107 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 380. Retour au texte

108 Ibid., p. 453. Retour au texte

109 Ibid., p. 454. Retour au texte

110 Ibid, p. 456. Retour au texte

111 A propos de cette chronique, cf. M. Gruas, «Lecture et réécriture dans la “fabrique de journalisme” d’Eça de Queirós : l’exemple d’un écho de Paris", Quadrant, n º 17, Univ. Montpellier III, 2000, p. 107-132. Retour au texte

112 E. Labiche, Théâtre, Robert Laffont, Paris, s.d, p- 20-179. Retour au texte

113 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 390. Retour au texte

114 Ibid., p. 425. Retour au texte

115 Ibid., pp.489-498. Retour au texte

116 Victor, Hugo, Ruy Blas, Œuvres complètes – Théâtre – 3, Paris, Ollendorff, 1905, p. 351. Retour au texte

117 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 494. Retour au texte

118 Ibid., pp. 567-573. Retour au texte

119 Malherbe, Consolation à Dupérier sur la mort de sa fille, Paris, Hachette, 1862, p. 40. Retour au texte

120 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 569. Retour au texte

121 Ibid., p. 231-241. Retour au texte

122 Ibid., p. 232. Retour au texte

123 Ibid., p. 232. Retour au texte

124 Ibid., pp. 401-407. Retour au texte

125 Melchior de Vogüé, Revue des deux Mondes, “La ligue démocratique des écoles”, Livraison du 1er mai 1893, p. 215, Consultable in http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87167v/f216. Retour au texte

126 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 407. Retour au texte

127 Ibid., pp. 341-354. Retour au texte

128 Ibid., p. 350. Retour au texte

129 Eça de Queiroz, Cartas e outros escritos, Lisbonne, Livros do Brasil, s.d., p. 333-334. Retour au texte

130 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., pp. 378-383. Retour au texte

131 Revue des deux Mondes, «Les fleurs du mal, Poésies, par M. Charles Baudelaire », p. 1079-1093. Consultable sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k869356/f1084.tableDesMatieres. Retour au texte

132 Ibid., pp. 378-379. Retour au texte

133 Ibid., p. 385-387. Retour au texte

134 Ibid., p. 386. Retour au texte

135 Ibid., p. 428. Retour au texte

136 Ibid., p. 444. Retour au texte

137 J-J., Rousseau, Confessions VIII, Paris, La Pléiade, 1975, p. 1243. Retour au texte

138 Textos de Imprensa IV (da Gazeta de Notícias), op. cit., p. 445. Retour au texte

139 M. Gruas La fabrique de journalisme d’Eça de Queiroz : procédés d’écriture des chroniques parisiennes de la Gazeta de Notícias de Rio de Janeiro, op. cit., 721 p.  Retour au texte

140 Eça de Queiroz a en effet écrit: “a meu modo, e de um modo muito imperfeito, sou uma espécie de jornalista”, Gazeta de Notícias, n º 115, vendredi 27 avril 1894, p. 1. Retour au texte

141 Cf. T. Samoyault, L’intertextualité – Mémoire de la littérature, op.cit., p. 116. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Marc Gruas, « Eça de Queiroz dans la Gazeta de Notícias de Rio de Janeiro ou le journalisme palimpseste », Reflexos [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 03 janvier 2024, consulté le 29 mars 2024. URL : http://interfas.univ-tlse2.fr/reflexos/500

Auteur

Marc Gruas

Maître de Conférences

Université de Toulouse – Jean Jaurès

marc.gruas@univ-tlse2.fr

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