Présentation du dossier "Crimes et Délits / Crimes et Châtiments"

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Deux journées d'études sur les crimes furent organisées par nos soins dans le cadre des activités de l'IRIEC (Institut Intersite de Recherche sur les Études Culturelles). Une première – "Crimes et Délits " – a eu lieu en janvier 2010 ; la seconde – "Crimes et Châtiments" – s'est tenue en janvier 2011. Toutes les deux avaient trait à la vaste étendue des Mondes ibériques et les communications ont abordé des sujets aussi bien portugais et brésiliens, qu'espagnols, cubains, ou mexicains. Toutefois, la présente publication se limitera aux sujets présentant un rapport avec l'aire lusophone.

Notre parcours commence au Portugal du XIVe siècle. Viviane Ramond rappelle avec acuité les principaux aspects de l'assassinat d'Inès de Castro, « le premier crime notoire perpétré au Portugal au nom de la raison d’Etat, survenu le 7 janvier 1355 ». Cet épisode tragique constitue l'un des mythes majeurs de la nation portugaise.

La proposition de Christophe Gonzalez est toute autre. Par un retour à la période baroque, notre collègue effectue une analyse très pertinente de la pièce El Mal inclinado de Jacinto Cordeiro, ce « Portugais qui utilise le castillan et les formes littéraires espagnoles sous le régime de la Double couronne ».

Enfin, Sofia Geraldes, qui mène ses recherches à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, à Paris, soulève un aspect quelque peu original de l'histoire du Portugal. Pendant les guerres napoléoniennes, la Cour portugaise s'est expatriée au Brésil à partir de 1808, mais a laissé derrière elle une Péninsule ibérique livrée aux sentiments hostiles vis-à-vis des envahisseurs français.

Le parcours brésilianiste de ce dossier est inauguré par Emmanuelle de Maupeou, doctorante à l'Université de Toulouse-Le Mirail et enseignante à la Section de Portugais. Elle expose les principaux aspects de la mise en place d’une législation sur les captifs qui montre les contradictions d'une société qui se voulait libérale, sans pour autant abandonner les pratiques de la période coloniale.

De son côté, Samuel de Maupéou – de l'Universidade Fédérale de Pernambuco – présente des récits de paysans qui racontent et dénoncent les crimes commis dans certains milieux ruraux du Nordeste du Brésil. Son travail met en relief également l'effort de dénonciation de ces violences qui est fait par la Commission Pastorale de la Terre (CPT), à travers la publication des cahiers Conflitos no Campo.

Ces diverses contributions permettront d'évaluer l'extrême variété des situations proposées. Qu'ils soient récit historique ou représentation, les crimes ici abordés permettent également de mesurer l'importance dont jouit thanatos dans nos sociétés, depuis toujours. Philippe Comar, dans le catalogue de l'exposition "Crime et Châtiment" - qui a eu lieu au Musée d'Orsay du 16 mars au 27 juin 2010 –, rappelle le parallèle qui existe entre l'œuvre en général et le crime. En littérature, par exemple, la plume peut être "incisive", "blessante" ou "assassine". En peinture, on "exécute" ou "achève" un œuvre, à l'aide du "couteau" qui sert à étaler la couleur sur la palette ou la toile. En photographie, on "mitraille", et la chambre noire a longtemps possédé un obturateur dit "à guillotine" ("La Scène du crime" in Jean Clair, Crime et Châtiment, p. 251).

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Référence électronique

Cristina Duarte-Simões, « Présentation du dossier "Crimes et Délits / Crimes et Châtiments" », Reflexos [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 18 mai 2022, consulté le 29 mars 2024. URL : http://interfas.univ-tlse2.fr/reflexos/586

Auteur

Cristina Duarte-Simões

Maître de conférences

IRIEC, Université Toulouse – Jean Jaurès

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