Parcours de femmes chez Ana de Castro Osório et Maria Archer : une dynamique de construction et déconstruction du stéréotype bourdien

Résumé

Ana de Castro Osório et Maria Archer ont fortement marqué la littérature portugaise du début et de la première moitié du XXe siècle. Ces deux grandes écrivaines se sont intéressées à la place occupée par la femme dans la famille et dans la société, n’hésitant pas à présenter des parcours féminins nouveaux par lesquels elles déconstruisent de manière anticipée ce qui deviendra, à la fin du XXe siècle, le stéréotype développé par Pierre Bourdieu dans son célèbre livre La domination masculine.

Index

Mots-clés

récit, parcours, femmes, émancipation

Index chronologique

XXe

Texte

« Mulheres não foram feitas para serem compreendidas,
apenas para serem amadas »
Oscar Wilde

« A mulher que escreve é considerada como um monstro
visto ter corpo de mulher e cérebro de homem »
Maria Graciete Besse

Dans la première moitié du XXe siècle, deux écrivaines marquent par le militantisme de leur écriture la littérature portugaise : Ana de Castro Osório et Maria Archer. Toutefois, en dépit d’études biographiques récemment publiées, la critique semble avoir montré assez peu d’intérêt pour leur parcours littéraire et les idées féministes qu’elles y exposent. Ana de Castro Osório (1872-1935), grande figure de la vie politique, littéraire et sociale portugaise, manifesta très tôt son intérêt pour les idées républicaines en participant à la fondation de la Liga Republicana das Mulheres Portuguesas. Sa lutte en faveur des droits des femmes l’amena à travailler avec Afonso Costa, alors ministre de la Justice, sur « a nova lei do divórcio, que concedia os mesmos direitos ao marido e à mulher, tanto para os motivos de divórcio como nos direitos sobre as crianças »1.

Maria Archer (1899-1982), « autodidacta e viajada »2, vécut au Mozambique, en Guinée, en Angola et au Brésil3 ; elle collabora à diverses revues et journaux et écrivit de nombreux romans, nouvelles et pièces de théâtre. Toute sa production littéraire et journalistique présente des contenus en relation avec la femme, la famille, l’éducation, l’histoire du Portugal et de ses colonies.

La position de la femme dans la société et dans la famille est donc une des principales préoccupations de ces deux écrivaines. Ana de Castro Osório et Maria Archer, suivant le concept de mimesis, exposent dans leurs romans et nouvelles la peinture d’une société en mouvement dans laquelle la femme désire occuper la place qui lui a été jusqu’alors refusée. Ce n’est donc pas au parcours de ces deux femmes que nous allons nous intéresser mais à la trajectoire qu’elles impriment aux personnages féminins qui traversent leurs récits.

Le corpus se compose du roman Mundo Novo d’Ana de Castro Osório4, du recueil de nouvelles Filosofia duma mulher moderna de Maria Archer5 ainsi que de la nouvelle de la même auteure, « Um inglês »6, qui fait partie d’un autre recueil intitulé Há-de haver uma lei (1949). Mundo Novo d’Ana de Castro Osório est un roman, en grande partie épistolaire, dans lequel l’héroïne, Leonor, part pour le Brésil emportant avec elle l’idéologie de la nouvelle femme dans un milieu social encore très marqué par la mentalité portugaise. Remarquons que le personnage effectue un mouvement à la fois spatial et psychique, ce qui induit une transformation accrue de sa manière d’être, de vivre, de parler et de penser.

Notre objectif consiste à identifier la manière selon laquelle Ana de Castro Osório et Maria Archer présentent des trajectoires féminines dans un cadre socio-historique particulier et à examiner comment ces deux écrivaines, tout en projetant sur leur société un regard critique, font et défont ce qui deviendra plus tard le stéréotype bourdien.

Pour ce faire, nous nous appuierons sur le fameux essai de Pierre Bourdieu : La domination masculine7. Il est évident que cet ouvrage n’est pas fondateur de la sociologie féministe ; avant Bourdieu, plusieurs chercheuses ont démontré l’importance de la domination masculine et celle du rôle de la société, de la famille et de l’Église... Aussi de nombreuses féministes ont-elles accusé le sociologue français d’avoir appliqué sa théorie à « um objeto cujo desenvolvimento teórico já estava muito mais avançado do que o construído por seu campo analítico »8. Le fait que Bourdieu n’ait pas mentionné les travaux effectués antérieurement a d’ailleurs conduit Michelle Perrot à affirmer que plusieurs chercheuses ont ressenti cela comme un manque de considération révélateur de la domination masculine9. Certaines études féministes se réfèrent toutefois aux concepts de Bourdieu, principalement à ceux relatifs « a dominação, poder e violência simbólica, a trabalho e a condições de sua reprodução [...] para o entendimento da permanência da dominação masculina. »10

Dans son essai, Bourdieu renvoie à sa recherche ethnographique sur la société kabyle pour expliquer la domination que l’homme exerce sur la femme. La société kabyle, ordonnée selon le principe de la supériorité masculine, est ainsi représentée comme une « arqueologia do nosso inconsciente »11. À partir d’un cas spécifique, Bourdieu élabore donc une théorie générale, mais on est en droit de se demander si cette théorie peut s’appliquer à toutes les sociétés indépendamment de leur degré d’évolution. En effet, les conditions historiques et géographiques ne sont-elles pas déterminantes dans la problématique considérée ? En tout état de cause, ces conditions encadrent le point de départ et le point d’arrivée de la trajectoire des personnages féminins d’Ana de Castro Osório et Maria Archer.

Dans le roman et dans les nouvelles qui font l’objet de cette étude, deux types de femmes cohabitent. Le premier type est celui de la femme traditionnelle qui ne se contente pas d’accepter le modèle phallocratique mais va jusqu’à le reproduire ; le second type est celui d’une femme en pleine mutation, d’une femme dynamique donc, qui, consciente d’avoir reçu une éducation aliénante, décide de construire sa vie en lui imprimant un mouvement différent de celui de l’orthodoxie. Cette nouvelle femme, telle que la définit Alda Correia, « é associada a uma busca da individualidade, a um desejo de realizar o seu potencial como ser humano em pé de igualdade com o homem. »12

La femme dominée est décrite comme un être inférieur que le pouvoir masculin a réussi à soumettre spirituellement et physiquement. Or, selon Bourdieu, ces structures de domination de l’homme sur la femme se basent sur la reconstruction de schémas profondément ancrés dans notre société. Ces schémas sont reproduits par « des agents singuliers (dont les hommes avec des armes comme la violence physique et la violence symbolique) et des institutions, familles, Église, École, État. »13

Aussi bien Ana de Castro Osório que Maria Archer soulignaient déjà la part importante de l’éducation qui constitue une sorte de médiation entre l’individu et la société. Les deux principaux vecteurs de l’éducation sont la famille et la structure scolaire, deux institutions qui peuvent se révéler aliénantes ou productrices d’équilibre et de stabilité. Dans la société portugaise du début su XXe siècle, la formation des jeunes filles était essentiellement réalisée par la mère ; or cette dernière, en tant qu’elle est dominée, va transmettre ce qui lui a été transmis à elle-même, selon l’assertion de Bourdieu : « Les dominés appliquent des catégories construites du point de vue des dominants aux relations de domination, les faisant ainsi apparaître comme naturelles. »14. L’éducation conférée par la mère construit de ce fait des schémas d’action et de pensée – des habitus selon le terme de Bourdieu – qui se transmettent de génération en génération de manière inconsciente.

La formation des jeunes filles se trouve alors légitimée par les mères elles-mêmes qui confèrent à leurs filles une éducation traditionnelle. Celles qui appartiennent à la bonne société suivent des cours de « piano e francês »15 et apprennent à devenir de bonnes maîtresses de maison. Tel est le cas de Bia – héroïne de la nouvelle « Up do date » de Maria Archer – que « sabia mandar nas criadas, cozinhar, fazer doces, bordar. As senhoras da família gabavam-na. »16. Pareille thématique se trouvait déjà dans Mundo Novo lorsque l’héroïne, Leonor, confesse à son amie :

–Com essa custosa educação sem finalidade, que minha mãe proclamava perfeita e completa, adquirira, apenas, o conhecimento superficial das línguas francesa e inglesa, com o bastante de alemão para ler sem compreender [...]. De resto... umas luzes gerais sobre artes e sciências vagas, como é de uso indispensável numa menina de boa condição [...]17.

La jeune fille traditionnelle est une sorte de « préfemme »18 préparée à son futur rôle d’épouse et de mère. Ce type d’éducation maintient l’adolescente, et plus tard la femme, dans une position de soumission. Le statisme de cette position aliénante, imposée à la femme dès les premières années de sa vie, est renforcé par le fait que l’éducation scolaire est transmise à l’intérieur du cercle familial, sous la dépendance directe de la mère, elle-même déjà aliénée.

Dans la nouvelle de Maria Archer, « Dez raparigas alentejanas », le narrateur commente: « quanto ás filhas era mister acompanhar os tempos e dar-lhes também educação. Prendadas, mas honestas, e mulheres de sua casa mais que tudo. Por isso veio para elas uma mestra de Beja [...] »19. Aussitôt, l’éducation donnée à l’autre sexe est mise en parallèle et le narrateur d’ajouter : « os rapazes, os irmãos, andavam por Lisboa e Coimbra, nos estudos, e só nas férias apareciam em casa. »20.

Le jeune homme est ainsi soumis à un « des rites dits de “séparation”, qui ont pour fonction d’émanciper le garçon par rapport à la mère et d’assurer sa masculinisation progressive en l’incitant et en le préparant à affronter le monde extérieur. »21 Le jeune homme acquiert l’indépendance grâce à la distance qui le sépare de sa mère – sa double trajectoire spatiale et psychique l’enrichit –, alors que la jeune fille reste prisonnière d’une éducation qui l’empêche de se libérer ; la mère, responsable de sa formation, devenant la geôlière de sa propre enfant.

Le psychanalyste nord-américain Erik H. Erickson22 constate que, contrairement au jeune homme qui va prendre conscience rapidement de la différence des sexes, la jeune fille ne pourra atteindre ce niveau de conscience qu’en coupant le lien avec celle qui reflète sa propre image, c’est-à-dire sa mère. Nous retrouvons la même idée dans Psychanalyse et Féminisme de Juliet Mitchell pour qui la famille est le lieu « qui produit la psychologie infériorisée de la féminité, et qui légitime l’exploitation économique et sociale des femmes (les épouses et les mères n’y ont aucune indépendance économique ou juridique). »23

Pour sa part, Julia Kristeva affirme qu’il existe « un modelage du psychisme de la petite fille, puis de la femme, à travers des notions de passivité, de soumission, pour qu’elle occupe le second rôle »24 ; toutefois, contrairement à Pierre Bourdieu, elle ne nie pas l’existence « du facteur biologique d’une part et d’autre part de l’inconscient »25. De cette façon, une jeune fille qui a reçu une éducation traditionnelle peut manifester le désir de sortir de l’état d’hypnose dans lequel l’ont plongée sa famille et la société. La liberté à laquelle elle aspire commencera par se traduire par un certain dynamisme spatial mais également psychologique : le droit de sortir de chez elle, d’aller à l’école, de visiter qui bon lui semble, etc.

Bien que la majorité des personnages féminins d’Ana de Castro Osório et de Maria Archer continuent à véhiculer les schémas traditionnels qui leur ont été inculqués, quelques protagonistes prennent conscience de la soumission dans laquelle elles vivent. Dans la nouvelle de Maria Archer si justement intitulée « Sujeição », à propos de Maria da Luz – jeune femme originaire d’une famille sans fortune mais qui jouit « dum grande prestígio de respeitabilidade, educação, nível social »26 –, le narrateur fait le commentaire suivant : « Sujeita à mãe, sujeita à família, sujeita aos preconceitos do seu mundo, menina bem criada em regras antiquadas, nunca, até então, a Maria da Luz percebera que vivia numa espécie de escravidão »27. Mais les habitus acquis ne peuvent pas se perdre par « uma simples tomada de consciência »28 ; selon Bourdieu, seule la force symbolique des structures de domination peut permettre la libération.

Or les structures de domination, dans ce cas précis la mère et la société, continuent à peser sur la vie et la pensée de Maria da Luz qui, incapable de rejeter le schéma traditionnel, va accepter le mariage comme une véritable fuite, un mouvement certes, mais un mouvement négatif qui va à l’encontre de la liberté généralement souhaitée. La narratrice révèle que Maria da Luz « pensou no casamento como numa libertação e namorou sem amor um dos rapazes do escritório »29. Le personnage féminin plonge ainsi dans une double domination – une intersectionnalité selon le concept de Kimberle Crenshaw30 – qui mène à une sorte de schizophrénie que seule la séparation du couple pourra adoucir. Incapable de couper définitivement le lien avec sa mère, Maria da Luz, bien qu’elle soit séparée de son mari, continue à jouer la comédie du mariage : le dimanche, elle va avec son époux dîner chez sa mère pour sauver les apparences, afin que « a vizinhança os veja sair e entrar, ambos juntos, e assim se desfaçam quaisquer rumores escandalosos. »31

La société portugaise de l’époque rejetait le divorce. Pour cette raison, D. Maria do Resgate, personnage de la nouvelle de Maria Archer intitulée « Preconceitos da alta-burguesia portuguesa », refuse de voir ses petits-enfants nés du mariage de son fils avec une femme divorcée32. La femme divorcée est bannie non seulement par la famille mais également par la société et par l’Église. Ana de Castro Osório rappelle à ce sujet la position de la doxa catholique à travers les paroles d’un évêque :

–Não! O Divórcio não podia ser admitido nem discutido, por quanto o casamento é indissolúvel os laços que a igreja santificou só a morte os pode quebrar. Um divorciado que realiza novo casamento, não é mais do que um adúltero vivendo em concubinagem, ainda mais pecaminosa e odiosa do que a outra, porque se estriba nas leis imorais dos homens prevertidos, que querem edificar uma sociedade com leis civis e com uma nova moral, sem dogmas e sem Deus...33

Bien que le mariage constitue parfois un traumatisme, il continue d’être la seule solution proposée à la femme pour sortir du système oppressif familial. Mais, en vérité, la femme passe d’un système d’oppression à un autre. Dans le cas du mariage, elle est comme une marchandise entre les mains du père et celles du futur époux. Le futur dominant établit avec le géniteur de la dominée un véritable commerce basé, selon Bourdieu, sur « la logique de l’économie des échanges symboliques ». Dans le cadre de ces échanges, les femmes acquièrent leur « statut social d’objets d’échange définis conformément aux intérêts masculins et voués à contribuer ainsi à la reproduction du capital symbolique des hommes »34. Cependant, dans certains cas, la femme est plus qu’un capital symbolique, elle revêt une véritable valeur économique qui accroît la fortune d’un père ou d’un mari. Dans La Physiologie du mariage, Honoré de Balzac affirmait ainsi : « La femme est une propriété que l’on acquiert par contrat; elle est immobilière car la possession vaut titre »35.

Consciente du statut de marchandise du sexe féminin, Ana de Castro Osório présente les jeunes filles comme de simples « amostras » que les mères exhibent devant les éventuels propriétaires36. Cependant, une fois acquise, cette marchandise perd son pouvoir attractif initial. Par exemple, Narcisa – héroïne de la nouvelle « Mosarabes » de Maria Archer – est l’objet, avant le mariage, de toutes les attentions du fiancé ; mais, aussitôt après la nuit de noces, l’époux reprend « a sua vida de sempre. Casou-se. Está casado, já não anda a suspirar por mulher »37. Ainsi, comme l’affirme Antonina – personnage de Mundo Novo –, la femme est sempiternellement l’être chargée des lourds fardeaux de la vie : « que seja um letrado ou um analfabeto, que seja um poeta ou um lapuz, todos encaram a mulher como a metade... que carrega os fardos mais inferiores da vida. »38

Par ailleurs, dans la société portugaise de la première moitié du XXe siècle, les jeunes femmes ne peuvent acquérir le statut d’épouse que si elles sont vertueuses. Le moindre soupçon de légèreté leur fait perdre leur valeur symbolique, suivant le principe énoncé par Bourdieu :

les femmes sont des valeurs qu’il faut conserver à l’abri de l’offense et du soupçon et qui, investies dans des échanges, peuvent produire des alliances, c’est-à-dire du capital social et des alliés prestigieux, c’est-à-dire du capital symbolique. Dans la mesure où la valeur des ces alliances, donc le profit symbolique qu’elles peuvent procurer, dépend pour une part de la valeur symbolique des femmes disponibles pour l’échange, c’est-à-dire de leur réputation et notamment de leur chasteté […].39

Dans la nouvelle de Maria Archer, « Cavalleria Rusticana », Jorja, accusée d’avoir entretenu des relations sexuelles avec un jeune homme, devient aussitôt sa propriété « parce que l’acte sexuel en soi est conçu par les hommes comme une forme de domination, d’appropriation, de

“possession” »40. C’est pour cette raison que les parents protègent de manière quasiment paranoïaque ce qu’ils considèrent comme le principal bien attribué à la femme : la virginité.

Si dans les provinces archaïques, la perte de la virginité condamne irrémédiablement la femme, dans les grandes villes, l’argent la réhabilite. Maria Archer souligne que l’argent pare la femme de toutes les vertus et lui confère une nouvelle virginité. Ainsi, lorsque Safira – personnage féminin de « Labirinto » – devient propriétaire, suivant ainsi une trajectoire économiquement positive, les hommes ne voient plus en elle une aventure passagère, mais l’éventuelle épouse capable d’entretenir le foyer. Elle est comme la pierre précieuse suggérée par son prénom, provoquant de la sorte l’envie des autres femmes :

[Safira] Arranjou depressa outro noivo e fez um casamento aparatoso que encheu de raiva e de inveja as raparigas que não são proprietárias e a quem, por falta do trono da propriedade, os homens exigem virtudes.41

L’hypocrisie masculine qui est ainsi révélée constitue un thème récurrent dans l’œuvre de Maria Archer. Dans les nouvelles « Emprego de capital », « Dez raparigas Alentejanas » et « Um inglês », l’argent exerce un fort pouvoir d’attraction sur l’homme. Toutefois, si l’argent confère au sexe féminin une certaine respectabilité, il ne lui accorde pas pour autant la liberté. Dans le cas de la femme traditionnelle, seul l’amour fusionnel pleinement partagé, à la fois sur le plan physique et sur le plan sentimental, peut offrir cette liberté tant convoitée par la femme.

Sur ce point ces deux écrivaines anticipent les thèses bourdiennes. Le sociologue français insiste en effet sur le pouvoir rédempteur de l’amour, cet univers enchanté qu’il analyse ainsi :

la reconnaissance mutuelle par laquelle chacun se reconnaît dans un autre qu’il reconnaît comme un autre lui-même et qui le reconnaît aussi comme tel [...] peut conduire [...] jusqu’à l’état de fusion et de communion [...] où deux êtres peuvent “se perdre l’un dans l’autre” sans se perdre. [...] Le sujet amoureux ne peut obtenir la reconnaissance que d’un autre sujet, mais qui abdique, comme lui-même, l’intention de dominer. Il remet librement sa liberté à un maître qui lui remet lui-même la sienne, coïncidant avec lui dans un acte de libre aliénation indéfiniment affirmé [...].42

L’amour apparaît comme un moyen d’abolir la domination masculine. Cette vision du sentiment amoureux tel qu’il est conçu par Pierre Bourdieu fait écho à l’idéal amoureux présenté par Maria Archer et Ana de Castro Osório. Dans Mundo Novo, Leonor déclare à son amie Regina qu’elle avait trouvé son double en la personne de Bernardo : « junto de Bernardo, sinto-me engrandecida, mais forte e mais serenamente autónoma, como se as nossas almas estivessem organizadas de modo a viverem a par, numa perfeita e completa comunhão, sem absorção. »43.

Leonor et Bernardo ont accédé à cette profonde félicité que constitue la rencontre de deux âmes jumelles, réminiscence du mythe grec de l’androgyne. Après la création d’un être double – mi-homme mi-femme –, Zeus décida de séparer sa création en deux parties pour la punir. C’est pour cette raison que l’amour est considéré par les deux parties plus comme une réunion spirituelle que comme une union simplement sexuelle. Dans la nouvelle « Up to date », le narrateur, émissaire sans aucun doute des idées de Maria Archer, souligne ainsi que l’attraction ressentie par Quim à l’endroit d’Helsa est profondément empreinte d’idéalisme :

A Helsa era o seu complexo integral, de corpo e alma, era a mulher companheira do homem, igual ao homem, era a mulher dos seus sonhos. Via nela a Mulher ideal dos romances estrangeiros, dos filmes estrangeiros, a mulher por quem ansiara, anos e anos, através do seu noivado infantil.44

L’écrivaine insiste sur l’idée selon laquelle la nouvelle femme est plus répandue à l’étranger qu’au Portugal, pays où l’idéal « do eterno feminino » – tel que le décrit Júlio Dantas dans son livre éponyme45 (1929) – reste profondément ancré dans la société. Rappelons que le Portugal a subi une forte restriction des libertés sociales et individuelle dès 1926, avec la dictature militaire, puis avec l’Estado Novo salazariste à partir de 1933. Elisabeth Batista rappelle ainsi que « Maria Archer foi escritora e jornalista durante os anos em que o Estado Novo queria a mulher em casa. A situação portuguesa na altura era francamente hostil a expressões do pensamento crítico [...] e, sobretudo, advindas de uma mulher. »46

Sur le même registre, Bourdieu met en évidence le rôle de l’État dans la reproduction de la domination masculine et plus spécifiquement celui des

États paternalistes et autoritaires (comme la France de Pétain ou l’Espagne de Franco), réalisations achevées de la vision ultra-conservatrice qui fait de la famille patriarcale le principe et le modèle de l’ordre social comme ordre moral, fondé sur la prééminence absolue des hommes par rapport aux femmes.47

Remarquons que le sociologue aurait parfaitement pu inclure le Portugal de Salazar dans son commentaire.

Comme nous venons de le démontrer, les analyses de Pierre Bourdieu, fondées sur la culture kabyle, trouvent donc une résonance dans la société portugaise traditionnelle de la première moitié du XXe siècle. En effet, celle-ci rejetait le divorce, niait à la femme la possibilité d’étudier, de travailler et d’effectuer tout type d’activité physique ou intellectuelle permettant d’ouvrir l’esprit et de s’affranchir des habitus. Cependant, comme l’affirme Mariza Corrêa, ces analyses appliquées à une société en pleine mutation deviennent vite des caricatures, en raison des « estereótipos da lógica ocidental »48, et sont dorénavant sujettes à caution. Or, Ana de Castro Osório et Maria Archer ont su opposer à cette société traditionnelle une société en mouvement incarnée par la femme en voie d’émancipation. Cette dernière découvre que la soumission n’est plus une fatalité et qu’elle peut être annihilée grâce à l’instruction et au travail essentiellement.

Dans la nouvelle « Up do Date », Maria Archer narre le cas de Bia, jeune fille issue d’une famille aisée et destinée, dès son plus jeune âge, à épouser son cousin Quim. Alors que Bia reste dans le giron familial et reçoit l’instruction minimale réservée aux filles de la bonne société, Quim rejoint Evora puis Lisbonne pour s’inscrire à l’École Polytechnique. Cette séparation du milieu familial et social l’éloigne irrémédiablement de sa fiancée. La rupture est effective quand le jeune homme rencontre Helsa, incarnation de la Femme Moderne. Tous deux fréquentent l’École Polytechnique et partagent la même passion pour le sport. La jeune femme exerce sur Quim une séduction plus intellectuelle que physique : « Helsa era uma rapariga quase feia, desportiva, máscula, mas inteligente e muito pessoal. Filha de ingleses, nascida em Lisboa, tirava o seu curso para trabalhar. »49

Face à la trahison de son fiancé, Bia, avec la complicité de sa grand-mère, décide de réagir en s’inscrivant au collège, en faisant du sport et en passant son permis de conduire. Le choc de l’abandon sentimental transforme idéologiquement le personnage, lui donnant la chiquenaude qui crée sa nouvelle trajectoire et lui offre la possibilité de conquérir sa liberté. L’homme reste à la base de la construction de la femme, mais il s’agit cette fois d’une construction positive qui permet à la jeune femme de parcourir un espace qui va d’une attitude passive à une attitude active aussi bien au niveau intellectuel que corporel. Elle s’éloigne ainsi définitivement du principe aristotélicien selon lequel la femme serait un être passif et récepteur, un « homem incompleto »50, alors que l’homme serait un être actif.

Grâce à la discipline qu’elle s’impose, Bia perd rapidement deux kilos et décide de porter des pantalons. En tant que femme moderne, elle se met en mouvement en agissant sur elle-même et sur son environnement immédiat ; elle agit en fait sur tout ce qui indique profondément – selon Bourdieu – sa situation de subalterne face à l’homme :

Tout le travail de socialisation tend, en conséquence, à lui imposer des limites, qui toutes concernent le corps, ainsi défini comme sacré, h’aram [...]. La morale féminine s’impose surtout à travers une discipline de tous les instants qui concerne toutes les parties du corps et qui se rappelle et s’exerce continûment à travers la contrainte du vêtement et de la chevelure.51

Par le port du pantalon, Bia libère son corps et rejette les structures sociales qui l’enfermaient dans un carcan, elle se dynamise en quelque sorte. Comme le remarque justement Bourdieu, la jupe a « une fonction tout à fait analogue à la soutane des prêtres », elle « interdit ou décourage toutes sortes d’activités (la course, diverses façons de s’asseoir, etc.) »52. Grâce à la transformation de son habillement et à l’activité sportive, la femme accède à une nouvelle image corporelle de son être ainsi que Bourdieu le met en évidence :

[...] la pratique intensive d’un sport détermine chez les femmes une profonde transformation de l’expérience subjective et objective du corps : cessant d’exister seulement pour autrui ou, ce qui revient au même, pour le miroir [...], d’être seulement une chose faite pour être regardée [...], il se convertit de corps pour autrui en corps pour soi.53

Dans Mundo Novo d’Ana de Castro Osório, le parcours par lequel la nouvelle femme se transforme est plus moral que physique ; Leonor arrive en effet à s’imposer dans le monde masculin sans passer toutefois par la transformation physique qui caractérise les héroïnes de Maria Archer.

La protagoniste de Mundo Novo reste donc assez éloignée de la théorie bourdienne selon laquelle la situation des femmes en position de pouvoir est à la fois critique et insoluble : « si elles agissent comme des hommes, elles s’exposent à perdre les attributs obligés de la “féminité” [...] ; si elles agissent comme des femmes, elles paraissent incapables et inadaptées à la situation. »54. Leonor contredit en fait cette assertion car elle réussit à préserver à la fois sa féminité et le respect que les hommes lui doivent. L’oncle de ce personnage féminin d’Ana de Castro Osório reconnaît ainsi que sa nièce « deve ser tratada com o respeito e com a mesma franqueza com que se tratam os homens inteligentes. »55.

Comme Bia ou Annie, qui poursuivent leur parcours jusqu’à obtention de leur indépendance – grâce respectivement au grand-père et au père –, Leonor conquiert sa liberté par l’intermédiaire de sa tante qui lui donne accès à la culture. Selon sa nièce, D. Barbara possédait en effet un esprit « esclarecido e cheio de tolerância para todas as ideias novas »56. Contrairement à l’affirmation de Bourdieu, la « volonté individuelle » de D. Barbara lui a permis d’accéder à l’émancipation sans qu’il y ait nécessairement une profonde transformation des forces symboliques. La femme aurait alors la faculté de s’affranchir individuellement des habitus, voire de s’y opposer.

Les deux écrivaines se révèlent être des militantes assidues de la cause féminine, mais l’écriture de Maria Archer est plus engagée relativement à la liberté sexuelle de la femme. Dans la nouvelle « Um inglês », l’auteure n’hésite pas à décrire une jeune femme totalement libérée à la fois intellectuellement et sexuellement. Annie assume sa sexualité sans préjugés, mais c’est à travers les paroles de son père, d’origine anglaise, que la critique de la société portugaise apparaît clairement : « –Isso de ficar desonrada por actos alheios é uma ideia portuguesa, fora de moda no resto do mundo... Não vou estragar o futuro da Annie para dar satisfação aos preconceitos de certa gente antiquada... »57. Le père s’oppose ainsi à la mère qui, apprenant que sa fille était enceinte, voulait sauvegarder les apparences en la sacrifiant sur l’autel de l’honorabilité.

Les personnages féminins d’Ana de Castro Osório ne revendiquent pas une sexualité sans tabous mais une liberté juridique et une crédibilité professionnelle. L’écriture de Maria Archer serait alors plus féminine que féministe car, comme l’affirme Dina Botelho, la littérature féminine ne doit pas avoir

por objectivo a reivindicação. Pretende, antes, mostrar uma realidade que não deveria existir. Uma realidade dura e degradante para a mulher. Defende a melhoria das condições da mulher, face à vida em geral e à sua actividade profissional, mas fá-lo subjectivamente e de forma pouco aguerrida.58

Ana de Castro Osório, considérée comme une des premières féministes portugaises, expose la situation de la femme dans la société portugaise, mais aussi brésilienne, et n’hésite pas à critiquer ouvertement cette société qui opprime le sexe féminin. Dans la première lettre qu’elle écrit à son amie Regina, Leonor manifeste son avis à propos du Portugal : « Ahi, concordo, há muito que fazer para alimentar o pêso enorme da injustiça e crueldade atávica, que esmaga a consciência feminina »59. Pour soulager la souffrance de la femme, le divorce apparaît comme un recours indispensable ; Leonor reconnaît ainsi que le divorce « para a sua idiosincracia nem sequer era motivo de dúvidas, em qualquer sociedade organizada legalmente. »60

Contrairement aux personnages féminins de Filosofia de uma mulher moderna et de « Um inglês », Leonor – au cours de son double parcours spatial et psychique – a lu des revues et des journaux étrangers qui reflètent « duma forma mais ou menos simpatica, a questão social a que, impropriamente, se convencionou chamar feminismo »61. Cette prise de conscience déterminante du militantisme féminin l’amène à déclarer sa soif de libération :

–Penso que não tenho já o direito de ser egoistamente feliz, pensando que há tanta mulher neste mundo que sofre fome e sêde de justiça e que eu poderei auxiliar na sua humana revolta. [...] Mal ou bem, sem razão ou com ela, julgo cumprir uma grande e util missão social interessando-me pela libertação do meu sexo.62

De la même façon, persuadée que la liberté de la femme ne peut passer que par le travail, Leonor creuse un fossé entre elle et son fiancé Miguel quand elle affirme :

–[...] que a mulher não devia ter direitos, de que não saberia usar e os deveres lhe bastavam para preencher os dias da existência, unicamente devotada ao homem, seu senhor...[...] que mulher sua terminantemente seria impedida de exercer qualquer profissão remunerada, achando vexante e pouco seguro para o marido, que a mulher ganhasse dinheiro proprio, embora não despresasse o que trouxesse em dote, ganho por outros, e do qual seria o administrador [...].63

Miguel incarne pour sa part l’image d’une société portugaise organisée selon des critères androcentriques. Dans ce type d’organisation sociétale profondément phallocratique, les femmes ne peuvent pas occuper une place de choix dans le monde du travail. Or, comme l’affirme la sociologue brésilienne Belmira de Magalhães, « É no e pelo trabalho que o sujeito humano se constitui enquanto tal, modifica o mundo e a si mesmo num constante pôr de novo, criando novas necessidades e possibilidades [...] »64. Cette affirmation de la femme en tant qu’être social fait peur aux hommes car elle constitue une menace pour leur pouvoir divin. Ainsi, face à son père qui la défie en déclarant que l’homme assume le travail et les charges les plus lourdes, Antonina, jeune fille aux idées profondément féministes rétorque :

–Sim, Papá! É por nós compreendermos que é injusto que essa responsabilidade e esse trabalho pesado carregue todo sobre os vossos hombros é que reclamamos a nossa parte, para lhes facilitarmos a missão!... Mas... para os compensar queremos dar-lhes participação nas vantagens e honras da nossa realeza doméstica...65

Considérant que l’activité professionnelle constitue un des outils de la dynamique d’émancipation, Catherine Marry regrette que la problématique du travail féminin n’ait pas suffisamment retenu l’attention de Bourdieu. À son avis, Bourdieu n’a pas intégré l’idée que la société était l’objet d’une profonde mutation fondée sur le travail de la femme qui constitue une possibilité d’émancipation66.

Bien qu’en ce début de XXe siècle l’espace des femmes soit encore « un monde fini dans lequel elles sont cantonnées »67, plusieurs écrivaines – Ana de Castro Osório et Maria Archer notamment –, pour affranchir la femme du statisme dans lequel la retient le carcan de la domination masculine ont imprimé au devenir de leurs personnages féminins une trajectoire libératrice. Elles ont su rejeter le moule de l’oppression échappant ainsi aux habitus tels qu’ils seront décrits par Bourdieu. Ces deux figures marquantes de la littérature féminine portugaise défient la représentation conventionnellement phallocratique de la société, en présentant dans leurs romans et nouvelles des femmes parcourant la vie à la recherche de leur indépendance. Ce faisant, elles ont mis en relief certaines structures archétypiques relatives à la féminité pour mieux les détruire.

Avant Simone de Beauvoir, Ana de Castro Osório et Maria Archer avaient en commun un profond désir de libérer ledit deuxième sexe de la cage où la société, la famille et les institutions l’avaient enfermé. Contrairement à Bourdieu, elles ont su trouver d’autres solutions que celle de l’amour partagé pour en finir avec la domination masculine, du moins pour la résorber en partie et permettre à la femme de s’émanciper peu à peu d’une aussi néfaste tutelle séculaire.

Sous leur plume, la femme cesse d’incarner cet être inférieur incapable de rejeter la dépendance. Elle n’est plus entravée par la fameuse fatalité bourdienne qui a tant contrariée les féministes68. Bien que dans certains cas la liberté lui soit concédée par l’homme, dans de nombreux autres cas, le personnage féminin tient entre ses mains son propre destin et n’a besoin de personne d’autre qu’elle-même pour rejeter les chaînes qui l’emprisonnent et définir son propre parcours vital.

Bibliographie

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Notes

1 Tavares da Silva, Maria Regina & Vicente, Ana, Mulheres Portuguesas Vidas e Obras celebradas – Vidas e Obras ignoradas, Lisboa, Comissão para a Igualdade e Direitos das Mulheres, n. d., p. 79. Dans toutes les citations, l’orthographe, la ponctuation et l’accentuation des textes originaux sont respectées. Retour au texte

2 Lopes de Oliveira, Américo, Dicionário de mulheres célebres, Porto, Lello & Irmão, 1981, p. 73. Retour au texte

3 Batista, Elisabeth, Entre a Literatura e a Imprensa: Percursos de Maria Archer no Brasil, Tese apresentada à Faculdade de Letras da Universidade de São Paulo, 2007. Retour au texte

4 Castro Osório, Ana de, Mundo Novo, Porto, Companhia Portuguesa, n. d. Retour au texte

5 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, Porto, Simões Lopes, n. d. Retour au texte

6 Idem, Há-de haver uma lei..., Lisboa, Edição da autora, 1949. Retour au texte

7 Bourdieu, Pierre, La domination masculine, Paris, Seuil, « collection Liber », 1998. Retour au texte

8 Scavone, Lucila, « Estudos de gênero: uma sociologia feminista? », Estudos Feministas, Florianópolis, 16 (1), janeiro-abril 2008, p. 182. Retour au texte

9 Perrot, Michelle, Femmes, encore un effort..., 1998 [En ligne] http://www.hommemoderne.org/societe/socio /bourdieu/.../mperrot.htm/ (consulté le 19 mai 2012). Retour au texte

10 Scavone, Lucila, op. cit., p. 182. Retour au texte

11 Uceda Betti, Marcella, Pierre Bourdieu e a dominação masculina, 2011, p. 1 [En ligne] http://www.ensino sociologia.fflch.usp.br/.../2011-2-Marcella (consulté le 22 mai 2012). Retour au texte

12 Correia, Alda Maria Jesus, « Imagens da nova mulher no conto », Actas do I Congresso Internacional de Estudos Anglo-Portugueses, Lisboa, 6-8 de Maio de 2001, Lisboa, FCT/FCSH, 2001, p. 1. Retour au texte

13 Bourdieu, Pierre, op. cit., pp. 40-41. Retour au texte

14 Ibidem, p. 41. Retour au texte

15 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, op. cit., p. 91. Retour au texte

16 Ibidem, p. 91. Retour au texte

17 Castro Osório, Ana de, Mundo Novo, op. cit., p. 20. Retour au texte

18 Mandousse, Pierre, L’Âme de l’adolescente, Paris, Alcan, 1928, p. 66. Retour au texte

19 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, op. cit., p. 232. Retour au texte

20 Ibidem, p. 233. Retour au texte

21 Bourdieu, Pierre, op. cit., p. 31. Retour au texte

22 Erickson, Erik Homburger, Identity and the Life Cycle, New-York, Norton, 1980. Retour au texte

23 Mitchell, Juliet, Psychanalyse et Féminisme, Paris, Éditions des Femmes, 1974, p. 18. Retour au texte

24 Rodgers, Catherine, « Entretien avec Julia Kristeva », in Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir, un héritage admiré et contesté, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 200. Retour au texte

25 Ibidem, p. 200. Retour au texte

26 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, op. cit., p. 97. Retour au texte

27 Ibidem, p. 101. Retour au texte

28 Uceda Betti, Marcella, op. cit., p. 4. Retour au texte

29 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, op. cit., p. 102. Retour au texte

30 Crenshaw, Kimberle, « Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color », Stanford Law Review, 43 (6), 1991, pp. 1241-1299. Retour au texte

31 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, op. cit., p. 104. Retour au texte

32 Ibidem, p. 147. Retour au texte

33 Castro Osório, Ana de, Ás Mulheres Portuguêsas, Lisboa, Viuva Tavares Cardoso, 1905, pp. 94-95. Retour au texte

34 Bourdieu, Pierre, op. cit., p. 49. Retour au texte

35 Balzac, Honoré de, La Physiologie du mariage, Paris, Calmann-Lévy, 1891, p. 350. Retour au texte

36 Castro Osório, Ana de, Ás Mulheres Portuguêsas, op. cit., p. 117. Retour au texte

37 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, op. cit., p. 128. Retour au texte

38 Castro Osório, Ana de, Mundo Novo, op. cit., p. 103. Retour au texte

39 Bourdieu, Pierre, op. cit., p. 51. Retour au texte

40 Ibidem, p. 26. Retour au texte

41 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, op. cit., p. 257. Retour au texte

42 Bourdieu, Pierre, op. cit., pp. 118-119. Retour au texte

43 Castro Osório, Ana de, Mundo Novo, op. cit., p. 279. Retour au texte

44 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, op. cit., p. 94. Retour au texte

45 Dantas, Júlio, Eterno Feminino, São Paulo, Companhia Editora Nacional, 1929. Retour au texte

46 Batista, Elisabeth, Entre o Índico e o Atlântico: Incursões literárias de Maria Archer, n. d., p. 6 [En ligne] http://www.fflch.usp.br/dlcv/revistas/crioula/.../02.pdf (consulté le 15 avril 2012). Retour au texte

47 Bourdieu, Pierre, op. cit., p. 94. Retour au texte

48 Corrêa, Mariza, O sexo da dominação, n. d., p. 2 [En ligne] http://www.pagu.unicamp.br/sites/www... /Bourdieu.pdf (consulté le 14 mai 2012). Retour au texte

49 Archer, Maria, Filosofia duma mulher moderna, op. cit., p. 93. Retour au texte

50 Ribeiro Ferreira, Maria Luísa, A mulher como « o outro » – A Filosofia e a identidade Feminina, n. d., p. 143 [En ligne] http://www.ler.letras.up.pt/uploads/ficheiros/5612.pdf (consulté le 17 mai 2012). Retour au texte

51 Bourdieu, Pierre, op. cit., p. 33. Retour au texte

52 Ibidem, p. 34. Retour au texte

53 Ibidem, p. 74. Retour au texte

54 Bourdieu, Pierre, op. cit., p. 74. Retour au texte

55 Castro Osório, Ana de, Mundo Novo, op. cit., p. 115. Retour au texte

56 Ibidem, p. 117. Retour au texte

57 Archer, Maria, Há de haver uma lei, op. cit., p. 137. Retour au texte

58 Botelho, Dina, « Ela é apenas mulher », Maria Archer Obra e Autora, Dissertação de Mestrado, Universidade Nova de Lisboa, Faculdade de Ciências Sociais e Humanas, 1994, p. 21. Retour au texte

59 Castro Osório, Ana de, Mundo Novo, op. cit., p. 14. Retour au texte

60 Ibidem, p. 92. Retour au texte

61 Ibidem, p. 21. Retour au texte

62 Ibidem, p. 56. Retour au texte

63 Ibidem, p. 27. Retour au texte

64 Magalhães, Belmira de, Capitalismo, trabalho, gênero e educação, n. d., p. 2 [En ligne] http://www. estudosdotrabalho.org/...trabalho.../belmira (consulté le 24 mai 2012). Retour au texte

65 Castro Osório, Ana de, Mundo Novo, op. cit., p. 103. Retour au texte

66 Devreux, Anne-Marie, Marry, Catherine et alii, « La critique féministe et La domination masculine », 2009, n. p. [En ligne] http://www.mouvements.info/La-critique-feministe-et-La.html (consulté le 20 mai 2012). Retour au texte

67 Ibidem, p. 36. Retour au texte

68 Louis, Marie-Victoire, « Sur la domination masculine : réponses à Pierre Bourdieu », Les Temps Modernes, 604, mai-juin-juillet 1999, pp. 325-358 ; Sousa, Adriana de, A dominação masculina: apontamentos a partir de Pierre Bourdieu, n. d. [En ligne] http://www.metodista.br/.../a-dominacao-masculina-apo... (consulté le 22 mai 2012). Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Armanda Manguito Bouzy, « Parcours de femmes chez Ana de Castro Osório et Maria Archer : une dynamique de construction et déconstruction du stéréotype bourdien », Reflexos [En ligne], 2 | 2014, mis en ligne le 25 mai 2022, consulté le 18 avril 2024. URL : http://interfas.univ-tlse2.fr/reflexos/624

Auteur

Armanda Manguito Bouzy

Université de Nice-Sophia Antipolis

manguito@unice.fr

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