Max Weber et la Russie

Cet article traite des écrits, ayant quasiment la dimension de livres, que Max Weber a consacrés à la première révolution de 1905-1907. La première partie présente une synthèse de l’état des recherches et parvient à la conclusion que dans le contexte de l’œuvre de Weber, ces écrits n’ont pas eu l’attention qu’ils méritent. Une fois l’intérêt de Weber éveillé par la révolution et centré sur l’organisation et les idées du libéralisme russe, il resta intéressé par les événements russes jusqu’à sa mort.
Je montre aussi dans cet article les connexions personnelles de Weber avec les intellectuels russes et ses tentatives de publier leurs articles ou leurs livres en allemand. On pourrait dire que jusqu’à un certain point Weber a joué le rôle de médiateur entre Russie et Allemagne dans les années qui précédèrent l’explosion de la première guerre mondiale.
En traitant de la Révolution de 1905-1907 Weber était pessimiste sur le future du libéralisme russe, dans la mesure où ce mouvement n’était pas porté par de larges masses en Russie. Mais il était aussi convaincu que les libéraux russes étaient d’une grande importance pour le destin futur de l’empire russe.
Dans le contexte de la pensée wébérienne les deux articles sur la Russie en 1905-1906 sont surtout importants parce que Weber a discuté le caractère de la société bourgeoise et le phénomène de classe aussi bien que les conflits entre les classes sociales. C’était donc une première tentative d’aborder les relations entre éthique et politique qu’il développa plus tard pour parvenir aux concepts de Gesinnungs- et Verantwortungsethik (éthique de la conviction et de la responsabilité).