Dans les spires du serpent : le rite de passage dans l’iconographie de l’avant-garde

L’article propose une interprétation d’un code iconographique archétypal (le code « serpentin ») récurrent dans les arts visuel et verbal de l’avant-garde, et représentant une série d’expériences ésotériques et liminales, telles le rite de passage, l’initiation, la conscience divisée, la mort rituelle et la résurrection, le conflit violent entre l’aspect rationnel de la nature humaine et la libido, ainsi que l’opposition entre les structures sociales oppressives et la liberté individuelle. L’analyse des textes de Gaïto Gazdanov, Vladislav Khodassevitch, Fiodor Sologoub, André Breton et Robert Desnos montre que le discours d’initiation est exprimé généralement dans un « espace » sémiotique intermédial et stimule l’exploration créatrice des formes diverses de l’ekphrasis. Les récits littéraires sont juxtaposés ici à des œuvres plastiques qui emploient le même code iconographique pour représenter l’initiation, en particulier un collage de Max Ernst de 1920 environ. L’étude comparative de ces œuvres de l’avant-garde illustre l’adaptabilité de l’ekphrasis et sa tendance à évoluer au-delà de la transposition verbale conventionnelle des objets d’art.