L’artiste du théâtre revient au tableau. Aujourd’hui c’est mon anniversaire en tant que mise en abyme

L’article développe la réflexion sur le dernier spectacle de Tadeusz Kantor Aujourd’hui c’est mon anniversaire (Dziś są moje urodziny), dont les répétitions se sont déroulées à Toulouse en présence de Kantor, alors que l’avant-première eut lieu après la mort de l’artiste, le 10 janvier 1991 au Théâtre Garonne. Ces circonstances montrent, selon l’auteure, l’importance des questions suivantes : que devient l’œuvre théâtrale réalisée dans l’ombre de la mort qui s’approche, et quelle est la signification – dans le cas du théâtre de Tadeusz Kantor – de la transposition des méthodes picturales dans le théâtre ? L’article montre comment, au terme du cheminement artistique, le créateur cherche à reproduire sur scène les archives de sa pratique picturale et, en même temps, – par des références autobiographiques particulières – concrétiser un portrait de l’artiste de la seconde moitié du XX^e siècle. L’œuvre théâtrale – analysée à travers des enregistrements vidéo des répétitions de plusieurs heures et à travers des photographies, mais aussi en tant que spectacle vivant que l’auteure de l’article connaît de sa propre expérience – se révèle ici comme un discours artistique complexe qui est une forme de la mise en abyme. Puisque dans la mise en scène de Kantor, des termes tels que « tableau », « autoportrait », « cadre », « déconstruction du cadre », « ombre », « repetition », « film de la mémoire », deviennent importants dans les analyses de sa pratique artistique, des théories de différents penseurs, théoriciens et historiens de l’art comme J. Baudrillard, H. Belting, J. Derrida, M. Foucault, V. I. Stoichita sont convoquées ici.
Aujourd’hui c’est mon anniversaire est devenu le testament artistique de Kantor et, en même temps, un rite de passage entre l’art de la nouvelle avant-garde et une déconstruction personnelle de ses propres moyens d’expression, faite dans l’acte de création. À travers ce spectacle – pendant la première duquel, pour la première fois dans l’histoire du Théâtre de la Mort, Kantor était absent – ce dernier a manifesté, de façon étonnante sa présence puissante.