Illustration de Sylvian Meschia
La main de Thôt : ISSN 2272-2653
Index
n° 7 - Transmissions, traductions, interprétations (2019) - La parole aux étudiants
Sélection et traduction de poèmes issus du recueil Manual de Nocturnos de Rafael Morales Barba par Eugénie Guédon, révision et relecture par C. Fillière
Table des matières
Texte intégral
1Après avoir parcouru le recueil de Rafael Morales Barba, Manuel de Nocturnos, j’ai choisi de traduire cinq poèmes traitant d’un thème commun qui m’intéressait particulièrement : le mouvement de l’eau. Que ce soit au travers des vagues, de la houle ou des « eaux sculptées », on retrouve cette grandeur de la nature, qui bouleverse et éblouit : sentiment particulièrement difficile à exprimer, mais que la poésie parvient à rendre à la perfection.
ADIEU (MONET)
2Adieu nuées oisives
flottant heureuses au-dessus du feutre d’eau
et aux petites marques
de fleurs fanées, échos rosés,
doux souvenir
et son va-et-vient.
3Adieu iris errants,
voix de l’eau,
4circulations,
5et les lumières éphémères
6ou reflets,
7très éloignées.
DEPUIS LA FENÊTRE (LA BAIE)
8Depuis la mer,
le miel solaire brode l’eau
sous les théories du vent,
si claires apparitions
9qu’elles donnent envie de pleurer.
Depuis le balcon la plage pressentie
10déserte et sans bateliers
(s’il y était déjà)
d’où j’entends presque
siffler
des chansons pour les vagues
ou sur le chardonneret sauvage des tamariniers
(aux inconnues confidences),
palpiter.
MÉDITERRANÉE
11De loin, attentif
toujours à contre temps, le contemplateur
de la houle qui bouleverse et étourdit
ou soulève le récital du soir
12sur le quai de pierres il regarde
les ombres
13apparaissent
14ou circulent, brèves.
POISSONS CRÉPUSCULAIRES
15Crépuscules éternels,
horizons mauves et oranges
évoquant des chemins entre champs et vagues
constellations aquatiques,
serpentant,
face au volume de la mer ou de cette colline
aux rochers crépitants,
aux corps à peine suspendus,
et aux ombres éclatantes
face à des eaux sculptées…
16Le mouvement là-bas s’incinère
vibre devant l’urne,
et dans son glissement
danse sous le peplos éternel
du vent ou du changeant.
17J’inspire de cette écume
d’habiles légendes souterraines
(un air submergé),
et dans sa ponction secrète
je sens combien nous nous élevons
dans l’attente,
comment fermente sur l’arête
des écailles un certain éclat,
notre fugace silence.
PILAT II
18Ce fut un soulagement cet hier si pluvieux
estompant
les horizons.
19Métèques devant l’étonnement
blessé
par l’aube du sable
(et cette pluie incessante sur la dune),
20Disgracieux
21toujours au milieu des vagues
qui miroitent, éclatent
22ou s’enfuient.