Sélection et traduction de poèmes issus du recueil Manual de Nocturnos de Rafael Morales Barba par Eugénie Guédon, révision et relecture par C. Fillière

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Après avoir parcouru le recueil de Rafael Morales Barba, Manuel de Nocturnos, j’ai choisi de traduire cinq poèmes traitant d’un thème commun qui m’intéressait particulièrement : le mouvement de l’eau. Que ce soit au travers des vagues, de la houle ou des « eaux sculptées », on retrouve cette grandeur de la nature, qui bouleverse et éblouit : sentiment particulièrement difficile à exprimer, mais que la poésie parvient à rendre à la perfection.

ADIEU (MONET)

Adieu nuées oisives
flottant heureuses au-dessus du feutre d’eau
et aux petites marques
de fleurs fanées, échos rosés,
doux souvenir
et son va-et-vient.

Adieu iris errants,
voix de l’eau,

circulations,

et les lumières éphémères

ou reflets,


très éloignées.

DEPUIS LA FENÊTRE (LA BAIE)

Depuis la mer,
le miel solaire brode l’eau
sous les théories du vent,
si claires apparitions

qu’elles donnent envie de pleurer.
Depuis le balcon la plage pressentie

déserte et sans bateliers
(s’il y était déjà)
d’où j’entends presque
siffler
des chansons pour les vagues
ou sur le chardonneret sauvage des tamariniers
(aux inconnues confidences),
palpiter.

MÉDITERRANÉE

De loin, attentif
toujours à contre temps, le contemplateur
de la houle qui bouleverse et étourdit
ou soulève le récital du soir

sur le quai de pierres il regarde
les ombres

apparaissent

ou circulent, brèves.

POISSONS CRÉPUSCULAIRES

Crépuscules éternels,
horizons mauves et oranges
évoquant des chemins entre champs et vagues
constellations aquatiques,
serpentant,
face au volume de la mer ou de cette colline
aux rochers crépitants,
aux corps à peine suspendus,
et aux ombres éclatantes
face à des eaux sculptées…

Le mouvement là-bas s’incinère
vibre devant l’urne,
et dans son glissement
danse sous le peplos éternel
du vent ou du changeant.

J’inspire de cette écume
d’habiles légendes souterraines
(un air submergé),
et dans sa ponction secrète
je sens combien nous nous élevons
dans l’attente,
comment fermente sur l’arête
des écailles un certain éclat,
notre fugace silence.

PILAT II

Ce fut un soulagement cet hier si pluvieux
estompant
les horizons.

Métèques devant l’étonnement
blessé
par l’aube du sable
(et cette pluie incessante sur la dune),

Disgracieux

toujours au milieu des vagues
qui miroitent, éclatent

ou s’enfuient.

Citer cet article

Référence électronique

Eugénie Guédon, « Sélection et traduction de poèmes issus du recueil Manual de Nocturnos de Rafael Morales Barba par Eugénie Guédon, révision et relecture par C. Fillière
 », La main de Thôt [En ligne], 7 | 2019, mis en ligne le 19 décembre 2023, consulté le 23 avril 2024. URL : http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/806

Auteur

Eugénie Guédon