Le comparatisme du linguiste Antoine Meillet (1866-1936) entre France, Allemagne et Russie

Élève de Ferdinand de Saussure et de Michel Bréal, successeur de ce dernier sur la chaire de grammaire comparée au collège de France, Antoine Meillet est dans la France des années 1880 à 1920 l’un des principaux représentants du comparatisme linguistique, qu’il ne cesse de vouloir rénover et moderniser en le débarrassant de ses scories et en lui assignant des limites. Pour lui le comparatisme linguistique comportait trois écoles particulièrement fructueuses, l’une en France, les deux autres en Allemagne et en Russie. Il se crée donc autour de lui une circulation mais aussi une différenciation interne entre ces trois Écoles qui masque un peu aujourd’hui les influences réciproques. Le but de cet article est de démêler les fils de ces transferts et de ces rivalités. Si le nom de Meillet revient régulièrement dans la bouche et les écrits des premiers représentants russes du structuralisme et de la phonologie, l’étude de ses textes historiques et théoriques sur le comparatisme et de ses relations avec ses collègues allemands et russes permet de mieux comprendre la vaste recomposition du champ de la linguistique et des études comparées qui participe de ce que l’on peut analyser comme une genèse transnationale du structuralisme.