Anna Bounina (1774-1829) – chantre de la victoire russe de 1812

Anna Bounina a grandi et vécu entourée d’officiers, ce qui a sans doute favorisé un discours patriotique, d’autant plus que ce milieu a constitué aussi en grande partie son lectorat. Le maréchal Koutouzov, lui-même, l’a soutenue. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant qu’elle consacra plusieurs de ses écrits en prose et en vers à la guerre de 1812. Il s’agit principalement d’un article – « Le sauvetage d’une famille malheureuse » –, et de plusieurs poèmes dont le principal est « Sur l’extermination des Français qui, avec arrogance, ont envahi le cœur de la Russie ». Ces œuvres présentent de nombreux points communs avec les écrits anti-français et anti-napoléoniens de l’époque, en particulier ceux de F. Glinka, Derjavine, Joukovski, Karamzine. On y retrouve la même image d’une Russie sainte, courageuse, juste, qui contraste avec celle d’un adversaire montré sous les traits les plus noirs : lâche, barbare, cruel et révolutionnaire. De même, on y trouve une glorification d’Alexandre I^er qui apparaît d’autant plus pacifique et humain que Napoléon est décrit comme étant sanguinaire et diabolique. Ainsi Anna Bounine a participé à la construction d’une identité russe qui se définit surtout positivement par rapport à l’étranger paré de traits négatifs.