La dernière bande de Kantor

Le film d’Andrzej Sapija Próby, tylko próby [Répétitions, rien que des répétitions], document qui relate le travail de Tadeusz Kantor sur son dernier spectacle inachevé Dziś są moje urodziny [Aujourd’hui c’est mon anniversaire], est analysé comme un document humain utilisant des outils anthropologiques. Le dernier travail de Kantor apparaît comme une magie apotropaïque, dont le but est de chasser la mort – sa propre mort – qui, pour l’artiste, représentait un tabou, le dernier et le seul véritable tabou. L’article met en parallèle la mort de Kantor et celle de Molière. Il est également question de la technique beckettienne chez Kantor : tout ce que nous voyons sur scène est moins important que ce que nous ne voyons pas. Le théâtre de Kantor – théâtre de la mémoire inspiré par l’œuvre de Bruno Schulz – est doté d’un caractère eschatologique. L’article analyse le rêve prémonitoire de Kantor, où la Pauvre Fille personnifiant son âme, disparaît dans le pays des morts duquel surgissent des revenants – Maria Jarema, Jonasz Stern et Vsevolod Meyerhold – venus pour emporter l’artiste avec eux. À la recherche de la vie et de l’art, Kantor est donc parti là d’où l’on ne revient plus.