« Cosmisme russe » et modernisme cosmiste. Quelques propositions

Nos thèses esquissent un programme de recherche sur le rapport entre le cosmisme russe et le modernisme. Nous proposons de voir le premier comme une construction historiographique qui sert à assurer une continuité de la culture russe par-delà les ruptures de son histoire. Le cosmisme apparaît comme une cristallisation du contexte moderniste caractérisé par le télescopage des représentations scientifiques nouvelles avec des théories ésotériques résurgentes. Des interprétations « planétaires » et « trans-planétaires » qui naissent alors sont appréhendées et regroupées rétroactivement comme traits caractéristiques du cosmisme. Organicistes et holistes, se nourrissant avant tout des paradigmes énergétiste et évolutionniste, ces interprétations font parfois appel à la tradition utopique et sa mythologie de l'Homme Nouveau et de la Nouvelle Humanité. La doctrine de Nikolaï Fiodorov est au centre de cette constellation d'idées. Le principe éthico-anthropique lui est propre qui pose l'Homme comme le facteur actif de l'Univers et son anti-entropie. Pour conclure, nous proposons de placer le cosmisme russe dans son contexte proche (la Naturphilosophie allemande) et élargi (théories francophones de l'évolution aux XVIII^e-XIX^e siècles et futurologie anglophone aux XIX^e-XX^e siècles).