Le vilain nain Stoss et la splendide Antigone : la réalisation du projet schillérien de révolution esthétique et ses paradoxes

Cette contribution se propose d’examiner les connections Dans cet article, j’analyse la confrontation de l’esthétique et de l’anti-esthétique qui caractérise l’état actuel de la philosophie en général et de la philosophie de l’art en particulier. Je propose une approche de la conceptualisation de cette confrontation sur la base d’études comparatives de deux projets esthétiques de « libération de l’âme » (Alexandre Gorski et Iakov Golossovker), en les considérant dans le contexte de deux projets anti-esthétiques de même orientation (Jacques Lacan et Jean-François Lyotard). L’explication du concept de la forme dans l’art, sur la base duquel chacun de ces quatre projets formule un programme de libération esthétique, est utilisée comme principal outil méthodologique de mon analyse. Je montre que la fusion de deux formes kantiennes (forme de la beauté et forme de l’œuvre d’art), réalisée par Schiller, a joué un rôle constitutif non seulement pour le programme de politisation de l’esthétique de Schiller, mais également pour toutes les esthétiques ultérieures, ainsi que les anti-esthétiques. Je montre également en quoi l’anti-esthétique contemporaine transforme le rapport classique entre la forme de la beauté et la forme de l’œuvre d’art et construit sur cette base « l’esthétique sans aesthesis ». Je conclus que l’articulation de la relation entre l’esthétique et l’anti-esthétique est tout à fait réalisable du point de vue de la compréhension de Schiller de la forme dans l’art, et je montre la nécessité de dépasser cette compréhension à la fois esthétique et anti-esthétique.